Les « chiens fantômes » d’Amazonie sont plus menacés qu’on ne le pensait

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Crédits : Smithsonian's National Zoo & Conservation Biology Institute

De récents travaux sur les chiens à oreilles courtes, les canidés les moins étudiés de la planète, suggèrent que nous devrions repenser leur statut de conservation.

Le genre Atelocynus ne comprend qu’une espèce : Atelocynus microtis, aussi appelée « chien des buissons aux oreilles courtes » ou « renard à petites oreilles ». On ne sait pas grand-chose de cet animal spécialement adapté pour vivre dans la jungle sud-américaine tant il est discret.

Une espèce encore très mystérieuse

Le peu d’observations recensées et l’analyse de ses matières fécales suggèrent que cet animal bénéficie d’un régime varié, composé de poissons, d‘insectes, de petits mammifères, de grenouilles, de serpents et de fruits sauvages.

Physiquement, Atelocynus microtis mesure entre 70 cm et 1 mètre de long, sa queue mesure 25 à 35 cm, et il peut peser jusqu’à 10 kg. Son pelage est court, de couleur brune. Il présente également une bande plus sombre en haut du dos et sur la queue, ainsi qu’une zone plus claire sur la face inférieure de la base de la queue.

D’un point de vue comportemental, les chiens des buissons aux oreilles courtes diffèrent de nombreux autres canidés sauvages dans la mesure où ils ne vivent pas en meute. Ils sont donc solitaires et extrêmement timides de surcroît, préférant vivre dans les forêts marécageuses ou autres zones de forêt denses, évitant ainsi au maximum les contacts avec les humains.

Ceci étant dit, nous savons que de nombreuses espèces sont actuellement menacées en Amazonie en raison de la déforestation et du changement climatique. Mais qu’en est-il du chien des buissons aux oreilles courtes ? Ces animaux sont actuellement répertoriés comme « presque menacés » sur la Liste rouge de l’UICN, mais peut-on vraiment tabler sur un statut avec un tel manque de connaissances ?

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Atelocynus microtis, le chien à oreilles courtes. Crédits : Igor de le Vingne/wikipédia

Un habitat de plus en plus fragmenté

Une nouvelle étude, menée sur plusieurs années, a tenté de brosser un tableau un peu plus complet de cette espèce. Et ça n’a pas été simple. Les chiens des buissons aux oreilles courtes sont en effet si secrets que même les résidents locaux les aperçoivent rarement dans la nature. L’écologiste Daniel Rocha, de l’Université de Californie (États-Unis) et principal acteur de ces travaux, n’en a lui-même jamais vu.

Néanmoins, les chercheurs peuvent s’appuyer sur l’analyse de matières fécales, ou sur des pièges photographiques disséminés à l’origine pour des projets de recherche non liés.

En recoupant toutes ces données, cette étude a permis de révéler deux choses. D’une part que les chiens à oreilles courtes, repérés principalement au Brésil et au Pérou, sont également présents en Bolivie, en Colombie et en Équateur. Sur la base de ce constat, les chercheurs estiment aujourd’hui que près d’un tiers de leur habitat pourrait être perdu d’ici 2027, principalement en raison d’activités humaines telles que l’exploitation forestière.

Ainsi, au regard de ces résultats d’enquête, les chercheurs estiment que nous devrions réévaluer le potentiel d’extinction de cet animal, et faire évoluer son statut de « presque menacé » à « vulnérable ».

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