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Les chats roux ont un secret bien gardé dans leur ADN : la science vient de le percer !

Pourquoi tant de chats roux sont-ils des mâles ? C’est une question qui intrigue les amoureux des félins depuis des générations. Désormais, grâce à deux nouvelles études indépendantes, la science a enfin percé le mystère. Les chercheurs de l’Université de Stanford (États-Unis) et de l’Université de Kyushu (Japon) ont identifié la mutation génétique responsable du pelage orangé — et elle révèle bien plus que la simple couleur de ces animaux fascinants.

Une énigme vieille de plus d’un siècle

Les scientifiques soupçonnaient depuis longtemps que les gènes liés au chromosome X étaient responsables de la robe rousse des chats domestiques. Ce lien semblait évident : environ 80 % des chats orange sont des mâles, une proportion largement déséquilibrée par rapport à la moyenne. Mais jusque-là, aucune étude n’était parvenue à identifier précisément le gène impliqué.

Ce n’est plus le cas. Les deux équipes de recherche, travaillant indépendamment, ont enfin découvert la mutation clé qui active un gène nommé ARHGAP36, présent sur le chromosome X. Cette mutation supprime une section de l’ADN qui, normalement, freine l’activité de ce gène. Résultat : ARHGAP36 devient plus actif — et c’est ce qui déclenche l’apparition du pelage orange.

Une question de chromosomes

Pour comprendre pourquoi les chats roux sont majoritairement des mâles, il faut revenir à la biologie de base. Comme chez les humains, les chats mâles possèdent un chromosome X et un chromosome Y, tandis que les femelles ont deux chromosomes X. Si un mâle hérite d’un chromosome X portant la mutation, cela suffit à activer ARHGAP36 et lui donner un pelage orange.

En revanche, chez les femelles, la mutation doit être présente sur les deux chromosomes X pour produire un chat entièrement roux. C’est bien plus rare. Lorsqu’une chatte possède un seul chromosome X muté, le résultat est souvent une robe « calico » ou « écaille de tortue » — un mélange complexe de noir, blanc et orange — et ces motifs sont quasi exclusifs aux femelles pour cette raison génétique.

Le gène ARHGAP36, chef d’orchestre du pelage

La mutation identifiée agit sur ARHGAP36, un gène impliqué dans la régulation des cellules, actif dans de nombreux tissus, y compris le cerveau et les glandes hormonales. Il ne s’agit donc pas uniquement d’un gène du pelage. Les chercheurs de Kyushu ont remarqué que ARHGAP36 était particulièrement actif dans les zones orange du pelage des chats calico, ce qui renforce l’hypothèse de son rôle central dans la pigmentation.

Mais comment ce gène produit-il la couleur orange ? Tout repose sur les deux types de mélanine présents chez les mammifères : l’eumélanine, à l’origine des teintes noires et brunes, et la phéomélanine, responsable des tons jaunes, rouges et orangés. En activant ARHGAP36, la mutation favoriserait la production de phéomélanine, expliquant ainsi la teinte caractéristique du pelage roux.

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Les chats roux sont-ils vraiment plus farfelus ?

De nombreux propriétaires de chats affirment que les chats roux sont plus joueurs, sociables, voire un peu plus « foufous » que leurs congénères d’autres couleurs. Est-ce un mythe ? Peut-être pas. Même si les chercheurs de Stanford n’ont pas trouvé de différence significative dans l’expression de ARHGAP36 dans le cerveau entre chats roux et non-roux, ils n’excluent pas la possibilité d’un effet indirect sur le comportement.

Il est également possible que cette impression soit biaisée par le fait que la majorité des chats roux sont des mâles, or certains comportements spécifiques sont plus fréquemment observés chez les mâles que chez les femelles.

Une mutation ancienne… mais depuis quand exactement ?

La mutation responsable du pelage orange ne date pas d’hier. Les peintures médiévales datant du XIIe siècle montrent déjà des chats au pelage calico, preuve que cette caractéristique existait déjà il y a au moins 900 ans. Reste à savoir quand exactement cette mutation est apparue dans l’histoire de la domestication féline.

C’est une question à laquelle les chercheurs espèrent bientôt répondre. Hiroyuki Sasaki, le généticien japonais à la tête de l’étude de Kyushu, envisage déjà d’analyser l’ADN de chats momifiés de l’Égypte ancienne, ou d’étudier des œuvres d’art encore plus anciennes pour y repérer d’éventuelles représentations de chats roux.

Une découverte qui ravira les amoureux des félins

Ce que cette découverte montre, c’est à quel point la génétique peut cacher des mystères fascinants, même chez des animaux aussi familiers que nos chats domestiques. Grâce à cette mutation et à son impact sur le gène ARHGAP36, la science comprend enfin pourquoi tant de chats roux sont des mâles, et ce que cela révèle sur la transmission des traits héréditaires.

Et qui sait ? Peut-être que de futures études révéleront encore plus de secrets enfouis dans le génome de nos compagnons à moustaches.

Les détails de l’étude sont publiés dans la revue Current Biology.

Brice Louvet

Rédigé par Brice Louvet

Brice est un journaliste passionné de sciences. Ses domaines favoris : l'espace et la paléontologie. Il collabore avec Sciencepost depuis près d'une décennie, partageant avec vous les nouvelles découvertes et les dossiers les plus intéressants.