Les canyons de Titan similaires à ceux de la Terre

Crédits : NASA / JPL-Caltech / Space Science Institute

Le sud-ouest des États-Unis est sillonné de quelques-uns des canyons les plus célèbres de la planète. Mais la Terre n’est pas la seule à présenter de telles formations. Titan, la lune de Saturne, est aussi concernée.

Sur Terre, les canyons se forment par la force érosive de l’eau. Des inondations saisonnières, parfois très violentes, se répandent en effet dans des régions désertiques et sèches, creusant la roche et formant des passages étroits. La présence de canyons du même genre a été confirmée sur Titan en 2016, par la sonde Cassini. Depuis, une équipe de chercheurs tente d’évaluer le processus de formation de ces canaux pouvant parfois atteindre les 600 mètres de profondeur. Il semblerait que la « méthode » soit similaire. En revanche, les ingrédients ne sont pas les mêmes.

Inondations d’hydrocarbures

Il y a de l’eau sur Titan. Mais elle reste sous forme solide (il fait -180 °C en surface). Il existe probablement de l’eau sous forme liquide, mais elle reste profondément enfouie sous la surface, à l’instar des océans souterrains d’Europe ou d’Encelade. Ce qui caractérise Titan en revanche, ce sont ses rivières et ses lacs d’hydrocarbures. Du méthane, de l’éthane et de l’azote, plus précisément. Restait à savoir si des inondations saisonnières pouvaient avoir lieu sur Titan, susceptibles de creuser de vastes canyons.

Et de récentes simulations informatiques suggèrent que oui. C’est possible. Comme notre planète, Titan est sujette aux saisons, elles-mêmes soumises à l’orbite de Saturne autour du Soleil. Sur place, les saisons ne durent pas trois mois mais environ 7,5 ans. Selon les chercheurs, en fonction de la configuration orbitale de la lune par rapport à sa planète, de violentes précipitations pourraient effectivement avoir lieu sur Titan. Et ces inondations périodiques d’hydrocarbures pourraient potentiellement creuser de telles formations en surface.

Ce fut probablement le cas à Vid Flumina, la version du Nil sur Titan. Ici, les hydrocarbures s’écoulent sur 400 km jusqu’à Ligeia Mare, l’un des plus grands lacs de la lune. Au fil du temps, le débit de la rivière a formé des canyons atteignant une profondeur d’environ 570 mètres, s’étendant parfois sur plus d’un kilomètre.

titan
Vid Flumina, sur Titan, a sculpté un vaste système de canyons. Ces canaux pourraient s’être formés suite à des inondations d’hydrocarbures saisonnières traversant la glace d’eau. Crédits : NASA/JPL-Caltech/Agenzia Spaziale Italiana

Un retour sur Titan ?

Nous n’avons malheureusement pas encore été témoins de ces précipitations extrêmes. Les saisons étant très longues, la sonde Cassini n’a pas été en mesure de toutes les expérimenter. Nous ne savons donc pas vraiment quand et où ces inondations pourraient avoir lieu. Rappelons que des traces de pluies récentes ont tout de même été repérées par la sonde, au nord de Titan. Signe que l’été s’est bel est bien installé.

Pour mieux comprendre les processus en cours, le mieux serait encore de pouvoir retourner sur place. La NASA y songe, envisageant l’envoi d’un drone capable de mener des études aériennes et terrestres. L’atmosphère de Titan étant quatre fois plus dense que celle de la Terre, et la gravité sept fois plus faible, l’environnement serait donc très favorable pour faire voler un tel vaisseau. Reste à savoir si la mission sera sélectionnée. Réponse dans quelques semaines.

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