Depuis au moins une décennie, les abris anti-atomiques luxueux séduisent de nombreux clients fortunés. Pourtant, certains experts estiment qu’en cas d’apocalypse nucléaire, ces installations ne seront finalement pas d’un grand secours. En réalité, leur utilité est davantage d’ordre psychologique pour les propriétaires.
Les bunkers, une fausse solution ?
Les bunkers de luxe se multiplient depuis plusieurs années, une mode en partie popularisée par Mark Zuckerberg (Facebook) et son gigantesque abri se trouvant sous sa propriété à Hawaï. Certaines sociétés ont fait du bunker luxueux leur gagne pain, dont Strategically Armored & Fortified Environments (SAFE). Au menu, des forteresses imprenables équipés de systèmes de défense en tout genre, de tunnels d’évacuation, de chambres médicales, d’hélicoptères, de navires etc.
Dans un long rapport publié le 18 décembre 2024, l’Associated Press (AP News) explique notamment que le marché du bunker valait environ 137 millions de dollars en 2023, un nombre qui pourrait se trouver autour des 175 millions d’ici à 2030. Toutefois, une question demeure : ces abris sont-ils réellement utiles ?
AP News a notamment interrogé Alicia Sanders-Zakre, coordinatrice des politiques et de la recherche de la Campagne internationale pour l’abolition des armes nucléaires (ICAN). L’intéressée a expliqué que les bunkers ne représentent pas un outil pour survivre à une guerre nucléaire. En réalité, il s’agit inconsciemment – pour les propriétaires – d’endurer psychologiquement la possibilité d’une guerre nucléaire.

Une véritable « culture » du bunker
Bon nombre d’experts s’accordent sur un point : les radiations suivant l’explosion d’une bombe nucléaire de grande ampleur impactera également les personnes se réfugiant dans de tels abris. Malgré des stocks de vivres permettant de survivre durant des années, la seule issue reste la mort. Si une telle catastrophe se produit, l’effondrement des sociétés s’accompagnera forcément d’une pollution nucléaire fatale. Autrement dit, le seul moyen de protéger l’humanité d’une guerre nucléaire et de ses conséquences est tout simplement de bannir ce type d’armes.
Évidemment, les fabricants de bunker de luxe vendent leurs produits au moyen de nombreuses promesses. Il n’en demeure pas moins que ces mêmes promesses n’incluent pas le changement ultra radical dans le mode de vie de tout survivant à ce genre de catastrophe. Sam Lair, chercheur au James Martin Center for Nonproliferation Studies parle même de « déchirure fondamentale ».
Avec un coût estimé entre 500 000 et 10 millions de dollars, les bunkers ne sont évidemment pas pour toutes les bourses. Or, il semble que cette « culture » venant des États-Unis se soit plus ou moins démocratisée dans d’autres pays, séduisant toujours plus de personnes fortunées. Toutefois, certains états ont intégré cette notion dans leur propre politique, notamment la Suisse. Ce pays a modernisé à grands frais ses abris datant de la Guerre froide et y assure aujourd’hui une place à chaque résident en cas de guerre nucléaire.