Les bézoards sont-ils vraiment « magiques » ?

BÉZOARDS
Severus Snape. Crédits : Warner bROS

Dans le monde magique d’Harry Potter, le professeur Rogue définit un bézoard comme une pierre dans l’estomac d’une chèvre capable de sauver une personne de la plupart des poisons. Qu’en est-il chez les moldus ?

Les bézoards sont des masses solides et compactes qui se forment dans l’estomac ou l’intestin de certains animaux, y compris les mammifères tels que les chèvres, les moutons et les bœufs. Ils peuvent résulter de la consommation d’aliments tels que des cheveux, des fibres végétales, des herbes, des os, des cailloux ou d’autres matières non digestibles. Les bézoards se forment alors lentement en se liant à d’autres matières non digestibles dans le système digestif de l’animal et peuvent atteindre une taille considérable.

Un remède à (presque) tout

Ces pierres ont été utilisées en guise de remèdes dans de nombreuses cultures différentes au fil du temps, notamment dans la médecine traditionnelle chinoise, la médecine ayurvédique indienne, la médecine arabe, la médecine européenne médiévale, la médecine aztèque et la médecine amérindienne. D’ailleurs, « Bezoar » vient de pad-zahr , un mot persan qui signifie antidote.

Dans ces cultures, les bézoards ont été utilisés pour traiter diverses affections, notamment les troubles gastro-intestinaux, les infections, les maladies cardiaques, les maladies du foie et les empoisonnements. Les médecins arabes, qui utilisaient notamment les bézoards dès le 8e siècle, les ont d’ailleurs introduits dans la médecine occidentale dès le 12e siècle comme antidote à l’arsenic, un poison utilisé pour assassiner les nobles européens. Au 16e siècle, l’utilisation des bézoards était aussi répandue parmi les très riches. La reine Elizabeth I en avait même un serti dans une bague en argent. Ces pierres, souvent trouvées dans des animaux sacrifiés, ont également été considérées comme un remède à la lèpre, la rougeole, le choléra et à la dépression.

Comme dit en préambule, les bézoards sont également mentionnés dans la saga Harry Potter de J.K. Rowling. Dans l’un des livres, le professeur Severus Rogue explique en effet à ses élèves que ces derniers peuvent être utilisés comme antidote pour contrer l’effet d’un poison, ce qui est évidemment une référence à l’utilisation traditionnelle des bézoards en tant que remède contre les poisons dans certaines cultures. Dans l’un des livres ultérieurs, Harry, le personnage principal, utilise également un bézoard pour sauver la vie de Ron Weasley, son camarade de classe empoisonné accidentellement.

bézoards
Bézoards en bocaux dans une vitrine du Musée de la pharmacie allemande du château de Heidelberg. Crédits : Gerhard Elsner

Victimes de la médecine moderne

Il convient de noter que la plupart des utilisations médicinales mentionnées n’ont pas été étayées par des preuves scientifiques rigoureuses. Certains l’ont d’ailleurs appris à leurs dépens. En 1575, le chirurgien français Ambroise Paré avait en effet mené une expérience visant à démystifier les pouvoirs curatifs des bézoards. Un cuisinier de sa maison avait été surpris en train de voler de l’argent et condamné à être pendu. Le chirurgien avait alors conclu un accord : si le cuisinier acceptait d’être empoisonné, il recevrait immédiatement du bézoard. S’il vivait, il pourrait être libre. Malheureusement pour lui, le cuisinier est mort.

Par la suite, certaines pratiques traditionnelles ont été abandonnées en raison de leurs actions limitées, mais aussi pour risques pour la santé associés à l’utilisation de bézoards. Ces derniers peuvent en effet causer des obstructions intestinales ou des infections graves lorsqu’ils sont ingérés accidentellement.

Ainsi, pour ces raisons, la plupart des experts médicaux ne recommandent pas l’utilisation de bézoards pour traiter des maladies ou des affections de nos jours, d’autant que des médicaments modernes plus sûrs et efficaces sont disponibles.