Les arômes des cigarettes électroniques pourraient altérer les cellules du cœur

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La question de la nocivité des cigarettes électroniques fait toujours débat, bien que les observations négatives s’accumulent. Une récente étude a permis d’évoquer un risque d’altération du rythme cardiaque après avoir exposé des souris à des liquides aromatiques.

Les effets toxiques de certains arômes

En octobre 2020, l’organisation internationale indépendante Cochrane avait passé en revue la littérature scientifique concernant les études traitant de la cigarette électronique. Le rapport affirmait qu’il était plus probable que les fumeurs de tabac puissent stopper leur addiction à l’aide de la cigarette électronique en six mois. En revanche, il persiste un important point d’interrogation au niveau des potentiels effets sur le long terme. Si les bienfaits à court terme concernant la lutte contre l’addiction au tabac sont quasiment avérés, les effets de la cigarette électronique sur la santé sont encore mal connus. De plus, les adolescents représentent une part non négligeable des utilisateurs, à savoir près de la moitié. Ceux-ci sont visiblement attirés par l’impressionnante variété d’arômes disponibles.

Rappelons que ces arômes s’ajoutent à un mélange de glycérine végétale (70 %) et de propylène glycol (30 %) avec ou sans nicotine. Sont-ils réellement sans danger ? Dans une étude publiée par la revue Heart and Circulatory Physiology le 20 novembre 2020, des scientifiques de l’Université de Floride du Sud (États-Unis) ont démontré les effets toxiques de certains arômes sur des cellules du cœur (cardiomyocytes).

cigarette électronique
Crédits : TBEC Review / Wikipedia

Plusieurs expériences très parlantes

Les chercheurs disent avoir testé trois liquides de cigarette électronique. Le premier contenait des arômes de fruits de la passion, d’orange et de goyave, et le second imitait le parfum d’une crème à la vanille. Quant au dernier, celui-ci combinait des parfums de cannelle et de céréales à la pomme. Ces trois liquides ont fait l’objet d’une série d’expériences in vitro sur des cultures de cardiomyocytes prélevées sur des souris. Selon les résultats, les substances ont causé la mort des cellules par apoptose ou nécrose. Toutefois, les chercheurs affirment que le parfum reproduisant la senteur de crème à la vanille est le plus toxique des trois.

Ensuite, les scientifiques ont testé la fumée du liquide vanillé sur des cardiomyocytes humains. L’objectif était de mesurer leur effet sur l’activité électrique des cellules. Si la fumée obtenue à partir d’un liquide uniquement composé de solvant ne modifie pas l’activité électrique, cette dernière diminue en revanche lorsque le liquide contient de la nicotine. Or, ce phénomène est encore plus intense lorsque l’on ajoute l’arôme en question au liquide.

Une arythmie cardiaque avérée

« Cette expérience nous a montré que les produits chimiques aromatisants ajoutés aux appareils de vapotage peuvent augmenter les dommages au-delà de ce que la nicotine seule peut faire » affirme Sami Noujaim, un des participants à l’étude dans un communiqué.

Ces étonnants troubles que les chercheurs ont observé se retrouvent également chez les jeunes souris. En effet, une autre expérience consistait à placer des souris de dix semaines dans une chambre de vapotage. Les animaux ont été exposés à de la fumée vanillée durant dix semaines, à raison de cinq heures par jour. Selon les résultats, les souris présentaient une arythmie cardiaque, c’est-à-dire des fluctuations de la durée entre chaque battement du cœur. Les meneurs de l’étude ont émis l’hypothèse que la fumée altère le système nerveux autonome du cœur régulant le rythme cardiaque. À quand une expérience similaire sur les humains ?