Les arbres témoignent de la Grande famine de 1315-1317 en Europe

Crédits : Wkimedia Commons.

La Grande famine de 1315–1317 est considérée comme l’un des pires événements de l’histoire du Vieux Continent. Des chercheurs sont revenus sur cet épisode à l’origine de millions de morts en Europe.

La Grande famine de 1315-1317 est aujourd’hui considérée la première grande famine à l’échelle européenne depuis l’an 1000. Grâce aux archives, nous savons qu’elle fut le résultat de plusieurs mois de pluies excessives qui débutèrent dès l’été 1314. En conséquence, la production agricole, de céréales notamment, a considérablement diminué. Des millions de personnes sont alors mortes de faim ou d’épidémies corrélatives sur le continent (dont entre 5 et 10 % de la population française à l’époque).

Une équipe de chercheurs de l’Observatoire de la Terre Lamont-Doherty et de l’Université Columbia s’est récemment penchée sur ces inondations. L’idée consistait à les comparer aux moyennes historiques et à évaluer leur étendue géographique. Dans un contexte de réchauffement climatique qui implique davantage de phénomènes météorologiques extrêmes, pouvoir s’appuyer sur les conséquences du passé pourrait nous permettre de mieux supporter celles à venir.

« Lorsque nous pensons aux événements hydroclimatiques extrêmes, nous parlons beaucoup de sécheresse« , explique Jason Smerdon, principal de l’étude. « Mais il y a aussi des déluges. Et ces deux types d’événements vont être plus fréquents en raison du changement climatique« .

Les arbres comme témoins

Pour ces travaux, les chercheurs ont étudié l’Atlas des sécheresses de l’Ancien Monde, une base de données s’appuyant sur l’étude des cernes des arbres pour tenter de reconstituer les climats européens passés. Nous savons en effet que les cernes d’arbres sont plus étroits les années plus sèches et plus larges les années plus humides.

Les analyses de ces enregistrements ont alors confirmé les données historiques. Une grande partie de l’Europe du Nord a effectivement connu des précipitations annuelles bien au-dessus de la moyenne entre 1314 et 1316 (l’année 1315 était visiblement la pire). Globalement, cette période se présente aujourd’hui comme la cinquième séquence d’années la plus humide sur une période de 700 ans (entre 1290 et 2000).

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Illustration métaphorique de l’enfer et de la famine. Crédits : William Chester Jordan/Wikipédia

Pour les chercheurs, cette période sombre a également considérablement affaibli le Vieux Continent qui n’en avait pas encore fini avec les malheurs.

« Le 14e siècle est l’un des siècles les plus dynamiques du Moyen Âge« , explique en effet Seung Hun Baek, de l’Université Columbia. Il fait ici référence à la peste noire qui a atteint l’Europe en 1347, et à la guerre de Cent Ans pour le trône français qui a commencé en 1337. « Ces deux événements ont été aussi dévastateurs en partie parce qu’ils se sont produits dans le contexte d’une Europe déjà affaiblie par des années de grande famine« .

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