Formant d’imposantes marées brunes dans plusieurs zones de l’océan Atlantique, les sargasses prolifèrent de plus en plus. Récemment, un projet né à Marseille repose sur une technologie innovante dont l’objectif est d’optimiser l’interception et la récolte de ces algues.
L’explosion de la propagation des sargasses
Rappelons tout d’abord que les sargasses sont des algues brunes holopélagiques, c’est à dire se développant à la surface de l’eau. Par ailleurs, ces algues vivent l’intégralité de leur existence en pleine mer en formant d’imposants radeaux de grande taille, dont la profondeur peut atteindre plusieurs mètres. Après leur échouage sur les côtes, les sargasses redent les plages impraticables en raison des mauvaises odeurs et surtout, des émanations toxiques de sulfure d’hydrogène.
En début d’année 2023, les chaines de télévision étasuniennes mettaient en garde la Floride. En effet, une masse de sargasses de plus de 8 000 km de large se dirigeait vers les plages de l’état. Toutefois, la propagation de ces algues dans la zone Caraïbe connait une explosion depuis le début des années 2010, notamment en raison du réchauffement climatique. Or, cette région – l’une des plus impactées au monde – éprouve de sévères difficultés à endiguer le problème.
En première ligne se trouve notamment la Martinique, région d’outre-mer française régulièrement envahie. Le phénomène sur l’île avait reçu un coup de projecteur en 2019, lorsque deux chercheurs avaient mis au point un moyen de fabriquer une sorte de carton avec des sargasses récupérées sur les plages. Cependant, venir à bout de cette invasion en Martinique devrait passer des moyens plus importants, par exemple celui récemment dévoilé par V2O Marine, une société marseillaise.

Une technologie prometteuse mais non miraculeuse
Le projet de V2O Marine consiste à déployer d’imposants filets flottants avec pour objectif d’intercepter les algues avant que ces dernières n’atteignent le littoral. Ces filets made in France intègrent un polyamide ultra-résistant leur permettant de faire face à la corrosion (sel) et à la force des vagues, entre autres. La société a présenté deux concepts : un type de filet à placer en bordure de plage (filet Zeus) et un autre tracté par bateau (filet dérivant). Citons également la présence d’un râteau mécanique (Doris) donc le but est de récupérer les algues déjà échouées sur les plages.
Si la technologie de V2O Marine semble tout à fait prometteuse, celle-ci doit absolument s’associer à un système fonctionnel et économiquement viable. En effet après leur récolte, les algues doivent être traitées et éventuellement revalorisées. Toutefois, aucun système ne permet vraiment de s’attaquer à la racine du problème. Comme dans de nombreux cas, la solution est l’application de stratégies globales et préventives permettant de limiter le réchauffement climatique.