Dans le cadre d’une récente enquête menée aux États-Unis, des chercheurs ont révèle l’existence d’un phénomène très particulier. Outre-Atlantique, un nombre croissant de lycéens entretiennent des relations intimes et/ou romantiques avec des intelligences artificielles. Selon les responsables de l’enquête, les résultats devraient alerter car il s’agit ici bel et bien d’une dérive.
L’IA : amant, ami ou thérapeute
Basé à Washington D.C (Etats-Unis), le Center for Democracy & Technology (CDT) est une ONG dont la mission est de défendre les droits numériques et la liberté d’expression. Cette organisation promeut une législation permettant aux individus d’utiliser Internet à des fins bienveillantes, tout en réduisant son potentiel de nuisance et ce, tout en incluant diverses notions comme la transparence, la responsabilité, ainsi que la limitation de la collecte de données personnelles. Le 8 octobre 2025, le CDT a publié une enquête concernant les usages de l’IA dans les établissements scolaires, réalisée auprès de 1 030 lycéens, 1 018 parents et 806 enseignants.
Selon les résultats, un élève sur cinq a déclaré avoir eu soi-même (ou une de ses connaissances) une relation romantique avec une IA. Autre donnée : 42% des jeunes interrogés ont indiqué avoir déjà utilisé un chatbot pour échapper à la réalité, en faire son ami ou à des fins thérapeutique, comme un substitut de psychologue. Par ailleurs, 31% des élèves ont admis avoir utilisé, dans le cadre d’une utilisation personnelle, une IA fournie par leur établissement. D’une manière plus générale, 86 % des élèves, 85 % des enseignants et 75 % des parents ont déclaré avoir utilisé une IA au cours de la dernière année scolaire.
« Je pense que les élèves doivent savoir qu’ils ne parlent pas à une personne. Ils parlent à un outil, et ces outils ont des limites connues. Nos recherches suggèrent que les connaissances en IA et la formation que reçoivent les élèves sont très basiques. », a expliqué Elizabeth Laird, co-autrice du rapport pour le média NPR.
Des dérives échappant au contrôle des adultes
L’enquête est allée plus loin en mettant en exergue d’autres dérives favorisées par l’utilisation des IA. Parmi les jeunes ayant participé au sondage, 36% ont indiqué avoir entendu parler de deepfakes représentant des camarades de classe et ce, souvent dans un contexte sexuel. Pour les auteurs du rapport, il est question d’une technologie en train de devenir un nouveau vecteur de harcèlement sexuel et de cyberintimidation. De plus, la situation n’est pas réellement prête de s’arranger, compte tenu du manque de connaissance des enseignants sur le sujet. En effet, un peu moins d’un quart de ces professionnels a indiqué avoir reçu une formation pour faire face à ce genre d’incidents. Aussi, l’enquête révèle que 23% des enseignants ont observé des fuites de données massives au sein de leur établissement et ce, souvent en lien avec les IA utilisées.
Si l’IA est mise en avant pour les nombreuses possibilités offertes en matière de soutien scolaire et d’apprentissage, les dérives sont déjà assez nombreuses pour échapper au contrôle des adultes. Les auteurs de l’étude préconisent une formation efficace des élèves, des enseignants mais également des parents afin de limiter les risques, qu’il s’agisse de dépendance affective ou psychologique et de harcèlement, entre autres.
Enfin, rappelons que si les dérives chez les adultes font davantage les choux gras de la presse, celles concernant les jeunes existent ben et bien. Certains chatbots comme ChatGPT ont déjà joué un rôle dans des cas d’auto-mutilation et de suicide chez des jeunes. Il y a quelques semaines, OpenAi a indiqué travailler sur une version de ChatGPT adaptée aux adolescents et plus tôt dans l’année, a dévoilé l’embauche d’un psychiatre pour surveiller les interactions avec l’IA.
