Les abeilles et autres pollinisateurs se retrouvent de plus en plus souvent dans les villes, à savoir dans les jardins, les toits et même les friches industrielles. Cependant, l’environnement urbain cache un danger non négligeable, en lien avec la présence de métaux lourds dans les sols.
Des métaux lourds dans les nectars
Publiée dans la revue Ecology and Evolution le 15 avril 2025, une étude révèle que certaines fleurs sauvages appréciées par les abeilles peuvent absorber des métaux nocifs. Comme l’expliquent les chercheurs de l’Université d’état de l’Ohio (États-Unis), il est question de plantes sauvages qui se retrouvent également parfois dans l’espace urbain, comme le trèfle blanc, le liseron ou la carotte sauvage. Or, ces plantes peuvent contenir des matériaux tels que le plomb et l’arsenic, provenant des activités humaines présentes et passées.
Les auteurs de l’étude se sont intéressés au cas de la ville de Cleveland, ancien centre de production de fer et d’acier. Selon leurs tests, le nectar des fleurs de cette cité contient des niveaux préoccupants de toxines, notamment jusqu’à 0,5 mg/L de plomb. Si cette valeur semble faible au premier abord, il s’avère que les abeilles absorbent et accumulent ces poisons sans pouvoir les éliminer de manière efficace.
Ainsi, l’alimentation des abeilles au quotidien devient problématique. En effet, à force de butiner les fleurs en question, ces insectes augmentent petit à petit la quantité de métaux lourds se trouvant dans leur corps et malheureusement, la dose peut à terme devenir létale.

Tester les sols avant de cultiver
Outre une possible mort sur le long terme, les conséquences sur les abeilles sont nombreuses : altération de leur capacité de vol, retards en ce qui concerne la reproduction ou encore, problèmes au niveau de la mémoire et de l’apprentissage. Pour les auteurs de l’étude, il ne s’agit pas de contraindre les apiculteurs de planter des fleurs en ville et d’y élever des abeilles. En revanche, il est davantage question de sensibiliser ces professionnels en ce qui concerne la qualité des sols. Il est donc conseillé de procéder à des tests de détection des métaux lourds avant de cultiver.
D’une manière plus générale, ce problème principalement urbain pourrait également contribuer à la chute des populations d’abeilles. Rappelons tout de même que les abeilles – ainsi que l’intégralité des insectes pollinisateurs – sont essentielles pour la reproduction de nombreuses espèces végétales. La disparition des seules abeilles pourrait engendrer une diminution importante de la production de fruits (23%) et de légumes (de 16 à 23 %). Ainsi, il est important de souligner que protéger les insectes pollinisateurs relève aujourd’hui de la sécurité alimentaire mondiale.