Quelle influence une super éruption volcanique aurait-elle sur la couche d’ozone ? Une étude financée par l’Académie chinoise des sciences s’est penchée sur la question. Notamment au vu du contexte actuel de réémission de l’ozone stratosphérique. Malgré des incertitudes notables, les résultats pointent vers un effet délétère considérable.
De par le rejet massif de gaz chlorés, les activités humaines ont provoqué une dégradation rapide et marquée de la couche d’ozone (O3) durant la seconde partie du XXe siècle. Grâce au protocole de Montréal signé en 1987, cette évolution a pu être ralentie. Et un scénario catastrophe évité. De ce fait, les projections futures estiment que la couche d’ozone retrouvera sa condition vers le milieu du siècle.
Toutefois, lesdites projections reposent sur l’hypothèse qu’aucun facteur externe ne viendra jouer les trouble-fête. En particulier, aucune éruption volcanique de très forte intensité. L’occurrence d’un tel phénomène est pourtant suffisamment plausible pour être considérée. On s’attend donc à ce que des travaux se penchent sur la question et en évaluent les implications. C’est ce qui a été fait dans un papier paru le 3 juillet dernier.
Éruption volcanique majeure : un impact délétère sur la couche d’ozone
« Les fortes éruptions volcaniques – en particulier l’éruption d’un super volcan – auront un impact important sur l’ozone et pourraient interrompre le processus de réémission », avertit Ke Wei, co-auteur de l’étude publiée dans Advances in Atmospheric Sciences. « Cela pourrait être assez grave pour menacer l’existence de la vie sur Terre », peut-on lire dans l’abstract du document.
Il est donc important de tenir compte de ce risque et d’anticiper comment et à quel point l’ozone stratosphérique serait affecté. Pour ce faire, les chercheurs ont utilisé un modèle climatique global couplant la chimie et le transport atmosphérique.
Les simulations ont évalué l’impact d’une éruption tropicale 100 fois plus puissante que celle du Pinatubo. Si un tel événement se produit durant la phase de régénération de l’ozone – en présence de gaz chlorés issus des émissions passées -, la perte d’O3 est plus grande que dans le cas hypothétique d’une stratosphère vierge.
Plus précisément, au global la perte s’élève respectivement à 6 % contre 2,5 %. La plus grande diminution affectant les tropiques dans les deux cas, – 6,4 % et 4,4 % respectivement. Autrement dit, à l’image d’un malade en période de convalescence, la couche d’ozone réagit plus fortement aux stimulus.
Enfin, notons que cette dégradation brutale de la couche d’ozone s’ajouterait à la perturbation plus générale du climat consécutive à l’éruption. Toutefois, ce point n’était pas l’objet de la présente étude.
Une incertitude majeure : la quantité d’halogène émise
« Ces événements rares ne doivent pas être sous-estimés. L’Ozone Assessment Report de 2014 publié par l’Organisation météorologique mondiale rapporte un affaiblissement de la couche d’ozone de 2,5 % en dehors des régions polaires au cours de la période de dégradation critique des années 1990 », rapporte Luyang Xu, auteur principal du papier. Aussi, les valeurs évoquées sont très significatives.
Qui plus est, le présent travail met en évidence des zones d’ombre. En particulier concernant la quantité de matière halogénée propulsée dans la stratosphère au cours d’une telle éruption. En raison de cette inconnue, les estimations avancées précédemment pourraient être notablement sous-estimées.
Un état des lieux qui matérialise le besoin de recherche plus ciblée. Les progrès attendus permettront par ailleurs de mieux comprendre comment les épisodes volcaniques du passé lointain ont pu jouer sur une couche d’ozone qui était alors bien plus ténue. Affaire à suivre !
Articles liés :