L’éreutophobie : Quand rougir et en avoir honte devient un enfer au quotidien

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Rougir face à une situation embarrassante quelle qu’elle soit peut tout à fait arriver au commun des mortels. Cependant, certaines personnes développent une véritable peur panique du fait de rougir devant d’autres personnes : l’éreutophobie, une affection bénigne identifiée au XIXe siècle.

Le rougissement du visage s’explique par un afflux de sang dans les petits vaisseaux situés sous la peau, ces derniers étant susceptibles de se dilater à cause du système nerveux. Il s’agit d’une réaction tout à fait normale et très commune.

Si ce rougissement peut apparaitre après un effort physique dans un processus de rafraichissement du corps par évacuation de de la chaleur, le cas qui nous intéresse est bel et bien celui des émotions fortes, qu’elles soient positives ou négatives. Lorsque l’on rougit à cause d’une émotion, on doit cela à l’adrénaline libérée par le système nerveux qui agit donc sur les vaisseaux sanguins du visage.

Toute une palette d’émotions liées à l’embarras peuvent causer un rougissement, allant de la simple gêne à la plus intense des hontes. Le rougissement se déclenche dans des situations bien précises comme lorsque l’on se retrouve en présence de quelqu’un qui nous plaît et c’est souvent son regard qui est source de perturbation, tout comme un compliment peut l’être. Si la situation évoquée ci-avant est positive, il en existe d’autres, moins reluisantes, comme lorsque l’on se sent coupable ou lorsque l’on a peur d’être jugé.

Si habituellement, ce réflexe naturel ne dure pas longtemps et est vite oublié, il existe des personnes chez qui celui-ci devient une obsession. Ce sont la plupart du temps des individus qui désirent donner une image sûre d’eux-mêmes, et/ou se sentant très vulnérables face au regard des autres. La crainte de rougir devient alors source d’angoisse exacerbée et de focalisation importante sur soi-même ayant pour conséquence une fuite systématique du regard des autres, considéré à tort comme source de jugement ou de dérision.

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Le souci, c’est que les personnes atteintes d’éreutophobie entretiennent finalement leur malaise et cela augmente souvent l’intensité du rougissement. Il est donc inutile de vouloir arrêter de rougir ou de le dissimuler puisque cela n’aura pour effet que de l’aggraver. Cependant, il est difficile pour ces personnes de lutter puisque leurs efforts sont vains et elles se retrouvent enfermées dans des réflexions personnelles et une sorte de traumatisme s’installant dans leur mémoire.

Pour se faire une idée de ce que ressentent les personnes atteintes, il est possible de lire le témoignage d’un jeune étudiant en BTS publié en 2013 sur le site Évolute Conseil, une plateforme destinée à soutenir les personnes à propos d’elles-mêmes et des autres. Le jeune homme dit n’avoir aucun problème d’apparence, d’assurance ou de manque d’éducation, mais décrit son éreutophobie.

La personne gérant le site, le psychopraticien Renaud Perronet, indique que : « détester avoir honte, c’est se rendre vulnérable à la honte quand on se sent honteux. L’ereutophobe, parce qu’il a appris à ne pas avoir confiance en lui, devient l’otage de sa honte et somatise son absence de confiance en lui en rougissant. »

Sources : The Conversation – Évolute ConseilPsychologies