Une équipe de chercheurs annonce avoir identifié plusieurs cas de lèpre chez deux populations de chimpanzés sauvages, dans l’ouest de l’Afrique. C’est une première. L’étude écarte également l’idée d’une possible transmission de la maladie par les humains. Aussi, son origine est encore inconnue.
Grâce à des pièges photographiques disséminés dans le parc national de Cantanhez (Guinée-Bissau) et le parc national de Taï (Côte d’Ivoire), des chercheurs ont récemment identifié au moins quatre chimpanzés présentant d’importantes lésions cutanées au visage, aux mains et aux pieds, considérés comme des symptômes révélateurs de la lèpre. L’analyse d’échantillons fécaux recueillis sur place ont ensuite permis de confirmer le diagnostic, révélant la présence de Mycobacterium leprae, la principale bactérie responsable de la maladie.
Une première chez les chimpanzés sauvages
La lèpre a beau être une maladie ancienne, on ne sait étonnamment pas grand-chose sur son origine. On s’interroge aussi encore sur la manière dont elle se propage précisément. Il y a deux raisons à cela. D’une part, depuis les années 1980, une combinaison d’antibiotiques permet de guérir les malades et d’éviter, si elle est administrée précocement, les invalidités. Aussi, l’intérêt scientifique s’est atténué.
D’autre part, les bactéries responsables de la maladie (Mycobacterium leprae et M. lepromatosis (récemment découverte)) ne peuvent être cultivées dans des cellules en laboratoire. La seule façon de multiplier le pathogène est donc de l’injecter sur des modèles animaux.
Pendant des années, les chercheurs ont donc pensé que la lèpre ne concernait que les humains. Or, nous savons aujourd’hui qu’elle touche également d’autres espèces animales. Citons notamment les écureuils et les tatous. Des cas de lèpre ont également été documentés chez des chimpanzés captifs. En revanche, c’est la première fois que la maladie est documentée chez une population sauvage de ces primates.
Origine inconnue
Autre point intéressant, l’analyse génétique des bactéries recueillies à partir des échantillons a révélé deux souches différentes (une pour chaque site). Autrement dit, cela signifie que les deux foyers sont apparus séparément. En outre, les génotypes de la souche bactérienne responsable de ces deux flambées sont extrêmement rares chez l’homme. Aussi, si nous savons que certaines maladies humaines peuvent toucher les chimpanzés avec des conséquences dévastatrices, les chercheurs excluent cette fois une possible transmission bactérienne entre nos deux espèces.
Naturellement, se pose alors l’interrogation suivante : comment ces chimpanzés ont-ils été infectés par la maladie ? Pour l’heure, la question reste ouverte. Il pourrait y avoir une origine animale (transmission par une autre espèce) ou environnementale. Les chercheurs entendent maintenant prélever plusieurs échantillons sur les zones concernées pour tenter d’y répondre.