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L’épidémie de SRAS trouverait-elle son origine au fond d’une grotte ?

Crédits : Skeeze/Pixabay

L’épidémie mortelle de syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS), apparue dans le sud de la Chine en 2002, aura infecté des milliers de personnes pour finalement tuer près de 800 personnes. Mais d’où vient cette souche mortelle ? Une récente étude suggère que des chauves-souris vivant dans une seule et unique grotte chinoise possèdent en elles tous les éléments constitutifs du coronavirus mortel du SRAS — et potentiellement les moyens d’en créer un nouveau.

Des chercheurs de l’Académie chinoise des sciences ont passé ces cinq dernières années à analyser les virus du SRAS trouvés dans plusieurs espèces de chauves-souris nichant dans une grotte de la province chinoise du Yunnan. Ils auront au total identifié 11 nouvelles souches portées par les petits mammifères, mais une analyse génomique de celles-ci a montré qu’aucune de ces souches ne portaient à elles seules les caractéristiques génétiques du coronavirus du SRAS qui s’est propagé aux humains, infectant au total plus de 8 000 personnes dans le monde. Mais regroupées, c’était une tout autre histoire. Dans cette caverne, il y avait en effet assez d’ingrédients génétiques parmi les souches pour « bâtir » ce virus.

« Tous les éléments constitutifs du génome du SRAS-CoV, y compris le gène S très variable, ORF8 et ORF3, pourraient être trouvés dans les génomes de différentes souches de ce lieu unique », notent les chercheurs dans cette étude. Hypothétiquement parlant, l’équipe suggère qu’il est possible — voire très probable — que si les bonnes souches se mélangeaient les unes aux autres dans cette grotte, on se retrouverait avec l’ancêtre direct d’un virus qui pourrait infecter et tuer l’Homme.

« Nous spéculons que l’ancêtre direct du SRAS-CoV pourrait provenir d’événements de recombinaison séquentielle entre les précurseurs de ce virus avant d’infecter un hôte intermédiaire », écrivent les chercheurs. Bien sûr, ce n’est pour l’heure qu’une hypothèse. Si l’idée de la recombinaison du virus est néanmoins solide, ce que nous ne savons toujours pas, c’est comment la souche mortelle s’est déplacée de la caverne dans la province du Yunnan à la province du Guangdong, située à quelque 1 000 kilomètres.

En attendant d’en savoir davantage, il y a également autre chose de plus urgent à étudier. Des expériences menées en laboratoire suggèrent en effet que trois des souches nouvellement découvertes dans cette grotte pourraient potentiellement infecter des cellules humaines comme leur prédécesseur mortel — grâce à des séquences protéiques S capables d’infecter notre récepteur ACE2. « Les virus sont sur le point de provoquer de futures épidémies », note le virologue Ralph Baric, de l’Université de Caroline du Nord, qui n’était pas impliqué dans l’étude, à Science News. « C’est pourquoi nous ne devons pas baisser notre garde ».

Vous retrouverez tous les détails de cette étude dans la revue PLOS Pathogens.

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