L’ensemble des constructions humaines sur Terre pèserait 30 billions de tonnes

La « technosphère » de la Terre (l’ensemble des constructions humaines) pèserait aujourd’hui 30 billions de tonnes. C’est en tout cas ce que suggèrent les résultats d’une recherche publiée ce mercredi dans le journal « The Anthropocene Review ».

Les professeurs Jan Zalasiewicz, Mark Williams et Colin Waters du département de géologie de l’Université de Leicester, en Angleterre, ont pour la première fois évalué la taille de la structure physique de la « technosphère » terrestre qui représente l’ensemble des constructions humaines répertoriées sur cette planète, des maisons aux usines, des smartphones aux CD, du moindre petit outil aux décharges à ordures… bref, absolument tout. Selon les chercheurs, les données récoltées suggèrent que cette « technosphère » représenterait environ 30 000 milliards de tonnes, soit 50 kilos pour chaque mètre carré de surface terrestre.

Comme Bertrand Saint-Sernin, de l’Académie des sciences morales et politiques, l’expliquait il y a quelques années dans un papier, « la technosphère est faite d’artifices acceptables par la nature. Elle n’est pas une création moderne et prend une première forme systématique à l’époque néolithique, quand des sociétés humaines se mettent à substituer à la cueillette et à la chasse l’agriculture et l’élevage ». Ainsi le concept en lui-même n’est pas nouveau, mais force est de constater que le système est devenu majeur sur cette planète et qu’il évolue extrêmement rapidement. Pour ces chercheurs, « mesurer » la technosphère permettra d’évaluer à quel point nous avons remodelé la planète.

Contrairement à la biosphère qui inclut l’ensemble des organismes vivants sur cette planète, la technosphère est remarquablement pauvre en recyclage de ses propres matériaux. Le plein essor des sites d’enfouissement de nos déchets en est le parfait exemple. A-t-elle une limite ? Les activités humaines lèguent des traces durables, voire irréversibles, dans les strates de la planète au point d’interférer avec les cycles naturels et de s’imposer comme une ère géologique à part entière : l’Anthropocène.

La technosphère semble avoir donc avoir bourgeonné au large de la biosphère et pourrait bien, si ce n’est déjà en cours, parasiter son bon fonctionnement. Certains sont pessimistes, mais d’autres suggèrent en revanche que le non-recyclage de ses matériaux pourrait être un jour faire obstacle à la poursuite de son succès, voire le stopper complètement.

La technosphère est faite d’une multitude d’objets et beaucoup d’entre eux tomberont un jour dans les strates, pouvant être conservés dans un avenir géologique lointain comme « technofossiles » qui aideront à caractériser et dater l’anthropocène. Si ces technofossiles pouvaient aujourd’hui être classés à la manière de nos fossiles, l’étude suggère qu’ils seraient déjà chiffrés à un milliard ou plus — surpassant ainsi de loin le nombre d’espèces biologiques connues à ce jour estimé à plusieurs dizaines de millions.

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