Selon une récente étude, le Pentagone émet plus de gaz à effet de serre que des petits pays comme le Portugal, la Suède, ou encore le Danemark.
Neta C. Crawford, professeure de science politique américaine à l’Université de Boston, est une spécialiste de la guerre. Mais ce n’est que récemment – actualité oblige – qu’elle s’est intéressée à l’empreinte carbone du Pentagone. Dans une étude récemment publiée par le projet Costs of War de la Brown University, Crawford et son équipe ont calculé les émissions de gaz à effet de serre de l’armée américaine au cours des 40 dernières années. Il ressort que les opérations de défense menées de 2001 à 2017 ont émis un total de 766 millions de tonnes de gaz à effet de serre.
À titre d’exemple, rien que pour 2017, les émissions de gaz à effet de serre du Pentagone auraient émis plus de 59 millions de tonnes de dioxyde de carbone. C’est plus que certains pays comme le Portugal ou le Danemark.
Qu’est-ce qui consomme autant ?
Les États-Unis sont ceux qui dépensent le plus dans leurs forces militaires dans le monde. En moyenne 700 milliards de dollars par an. Et forcément, cette incroyable force consomme énormément de combustibles fossiles. Les 60 % de ces émissions seraient à mettre au crédit des « opérations ». Sur l’année 2016, par exemple, le département de la Défense aurait consommé environ 86 millions de barils de carburant pour le déplacement de ses troupes.
Ce sont les avions qui sont les plus gourmands. Le bombardier furtif B-2 par exemple, brûlerait près de 16 litres au km. Le pétrolier de ravitaillement en vol – KC-135R – consommerait près de 18 litres au km. Chacun de ces appareils émettrait alors plus de 250 tonnes métriques de gaz à effet de serre sur une portée de 1 000 km.
Les bâtiments de l’armée sont par ailleurs très gourmands eux aussi. Le ministère de la Défense entretient en effet plus de 560 000 bâtiments dans environ 500 installations militaires. Que ce soit sur le sol américain et à l’étranger. Cette partie de l’armée consomme les 40 % des émissions restants.
Peut mieux faire
L’étude souligne toutefois que le Pentagone a fait d’importants efforts depuis une quinzaine d’années dans le but de réduire sa consommation de carburant. Notamment depuis la déclaration des guerres en Afghanistan, en Irak et en Syrie. L’armée privilégie donc, parfois, les énergies « vertes », mais elle peut faire mieux. « Il y a encore beaucoup de marge pour réduire ces émissions, note la chercheuse. De nombreuses missions pourraient en réalité être repensées, ce qui rendrait le monde plus sûr ».
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