L’élévation du niveau de la mer pourrait bientôt noyer les mangroves

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Selon une récente étude publiée dans la revue Science, les forêts de mangroves ne survivront pas à une hausse brutale du niveau de la mer.

Les forêts de mangroves, qui s’étendent sur quelque 120 000 km² dans le monde et couvrent les trois quarts des littoraux tropicaux, sont importantes pour l’Homme comme pour l’environnement.

Elles agissent en effet comme des tampons, amortissant l’énergie des vagues de tempête et protègent les côtes de l’érosion causée par les marées.

En outre, elles fournissent un habitat pour de nombreux crabes et poissons tropicaux et participent à la séquestration du dioxyde de carbone, enterrant rapidement de grandes quantités de ce gaz à effet de serre dans le sol.

Ces forêts sont connues pour être très résistantes, particulièrement en réponse à la hausse du niveau de la mer, dont elles contrecarrent les effets en accumulant des sédiments parmi leurs racines enchevêtrées. Mais jusqu’à quel point ? Pour le savoir, une équipe de l’Université Macquarie (Australie), dirigée par biogéographe Neil Saintilan, s’est tournée vers le passé.

Un seuil fixé à six millimètres par an

Une fois le pic de la dernière période glaciaire essuyé il y a environ 26 000 à 20 000 ans, les calottes glaciaires ont commencé à reculer à mesure que le monde se réchauffait. Dès lors, le niveau de la mer a rapidement commencé à grimper à des taux supérieurs à douze millimètres par an.

Les chercheurs se sont concentrés sur une période comprise entre 10 000 et 7 000 ans, alors que l’élévation du niveau de la mer commençait à ralentir et que les forêts de mangroves commençaient à apparaître.

L’équipe s’est notamment appuyée sur d’anciens prélèvements de sédiments provenant de 78 sites tropicaux et subtropicaux dans le monde entier. Puis, grâce à des simulations informatiques proposant différents taux d’élévation du niveau de l’eau, ils ont évalué pour chaque site à quels moments ces mangroves ont été en mesure de véritablement pousser.

Il est ressorti de ces travaux que les forêts n’ont pas été en mesure de s’épanouir avant que l’élévation du niveau de la mer n’ait ralenti pour atteindre un taux mondial moyen de 6,1 millimètres par an.

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« L’avenir des mangroves du monde est entre nos mains« 

Selon le groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), de nos jours, le niveau de la mer augmente à l’échelle mondiale à un rythme moyen d’environ 3,4 millimètres par an. En revanche, ce taux devrait s’accélérer à environ 6 ou 7 millimètres par an au cours des 30 prochaines années. Ainsi, à ce stade, les forêts de mangroves ne pourront tout simplement pas survivre.

« L’avenir des mangroves du monde est entre nos mains« , résume Neil Saintilan. Un avis partagé par l’écologiste Holly Jones, de la Northern Illinois University, insistant sur la nécessité pour le monde d’agir « rapidement et de manière agressive » pour atténuer les émissions de gaz à effet de serre.

Dans une étude publiée le 29 mai dans PLOS ONE, des chercheurs avaient notamment estimé que les mangroves permettaient actuellement à protéger environ 5,3 millions de personnes dans le monde contre les ondes de tempête et d’autres effets de l’élévation du niveau de la mer. Un véritable bouclier dont devront se passer les communautés côtières à l’avenir si nous ne changeons pas nos habitudes.

L’établissement d’un seuil précis pour la survie de chaque espèce de mangroves sera désormais la clé de la future gestion côtière. Les scientifiques peuvent être en mesure de déterminer quelles forêts existantes survivront et lesquelles pourraient avoir besoin d’aide pour migrer à l’intérieur des terres.