Des millions de Lego naufragés continuent de s’échouer sur les plages anglaises

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Crédits : Tracey Williams

Plusieurs milliers de jouets Lego naufragés continuent de s’échouer sur les plages de Cornouailles plus de 25 ans après être tombés par-dessus bord. Le navire Tokio Express avait en effet renversé sa cargaison après être entré en collision avec une vague scélérate.

En 1997, une vague scélérate frappa le Tokio Express de plein fouet à environ 32 kilomètres au large de la côte ouest des Cornouailles. Le cargo, en provenance de  Rotterdam, aux Pays-Bas, devait rejoindre New York. En conséquence, soixante-deux conteneurs tombèrent à l’eau. L’un d’eux contenait près de cinq millions de pièces de Lego.

Peu de temps après l’événement, les baigneurs de Cornwall, au Royaume-Uni, commencèrent à trouver quelques jouets en plastique venus s’échouer sur la plage. Un peu plus de 25 ans plus tard, c’est toujours le cas.  Par coïncidence, bon nombre de ces pièces jetées par-dessus bord avaient un thème nautique. Parmi eux figuraient ainsi des dizaines de milliers de pieuvres, de gilets de sauvetage, de bouteilles de plongée, de palmes de plongée et autres coutelas de pirate.

Les vagues scélérates

Le navire Tokio Express a renversé sa cargaison de Lego après être entré en collision avec une vague scélérate. Pendant longtemps, on pensait que les vagues scélérates n’existaient que dans les légendes maritimes. On sait désormais qu’elles existent, bien que selon le National Ocean Service (NOS), leur imprévisibilité les rend difficiles à suivre et à étudier. Néanmoins, nous savons qu’elles peuvent se produire partout où plusieurs tempêtes se rejoignent.

La pointe de l’Afrique du Sud, où les vagues des tempêtes de l’océan Atlantique Sud, de l’océan Indien et de l’océan Austral se réunissent parfois, est notamment très sujette à ces « murs d’eau » pouvant atteindre dix à trente mètres de haut. Cela vaut également pour le triangle des Bermudes, où certaines tempêtes peuvent se rejoindre, venant du Mexique, de l’équateur et plus à l’est dans l’Atlantique.

De son côté, le capitaine du Tokio Express avait décrit la vague scélérate du 13 février 1997 comme un « phénomène unique en cent ans« . D’après son rapport, le mur d’eau aurait secoué le navire de 60 degrés dans une direction, puis de 40 degrés dans la direction opposée. Le manifeste du navire répertoria 4 756 940 pièces de Lego perdues en mer, dont 3 178 807 suffisamment légères pour flotter.

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Le conteneur du navire ne contenait que 4 200 pieuvres en plastique. Crédits : Tracey Williams

Les jouets Lego : un danger pour l’environnement

Elles ne sont pas seules. Certaines estimations suggèrent en effet que plusieurs millions de pièces supplémentaires se sont retrouvées dans les océans après avoir été jetées dans les toilettes par les enfants dans les années 70 et 80. Naturellement, autant de plastique représente un danger environnemental.

Au cours de ces dernières années, des membres du projet LEGO Lost at Sea, une organisation bénévole, se sont associés à des chercheurs de l’Université de Plymouth pour tenter d’évaluer la durée de vie de ces jouets fabriqués à partir d’un polymère commun connu sous le nom d’acrylonitrile butadiène styrène (ABS).

Pour ce faire, les chercheurs s’étaient concentrés sur une cinquantaine de pièces. Si la plupart étaient en grande partie plutôt bien conservées, le stress physique subi par ces briques de LEGO exposées aux éléments avait entraîné une perte de leur masse. Après les avoir comparées avec des pièces encore dans leur état d’origine, les chercheurs avaient alors estimé qu’une brique de LEGO individuelle pouvait résister dans l’environnement océanique pendant 100 à 1300 ans.

Si l’on ignore encore quelles conséquences la dégradation de ces matières plastiques pourrait avoir sur le milieu marin, nous savons en revanche que les pièces testées étaient lissées et décolorées. Certaines étaient aussi fracturées ou fragmentées, ce qui implique une libération de microplastiques dans l’environnement.

Rappelons enfin que The Lego Group essaye de mettre au point un plastique végétal depuis une dizaine d’années. Pour le moment, les chercheurs n’ont donc pas encore trouvé la bonne formule, mais les travaux se poursuivent.