L’échec thérapeutique des cancers aurait une origine bactérienne

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C’est en essayant de comprendre pourquoi certaines cellules saines étaient impliquées dans la résistance des traitements chimiothérapeutiques contre le cancer du pancréas que les scientifiques y découvrirent une cause bactérienne !

En effet, Leore T. Geller et son équipe l’affirment : le rejet de certains médicaments utilisés dans le cadre d’une chimiothérapie serait d’origine bactérienne. En étudiant les biopsies de 113 personnes atteintes d’un cancer pancréatique, ils ont découvert que les trois quarts des patients étaient infectés d’une bactérie détruisant la gemcitabine, la molécule active composant le médicament censé lutter contre le cancer du pancréas.

En fait, les cellules saines, considérées jusqu’alors comme complice des cellules cancéreuses, ne sont pas aussi saines que les scientifiques le prétendaient. Ils y ont découvert la présence de Mycoplasmas, un genre de bactérie dépourvu de paroi cellulaire, et donc insensibles aux antibiotiques s’attaquant aux parois bactériennes. Les bactéries E.coli et les Salmonelles en font partie.

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Ils se sont rendu compte que les mycoplasmas internalisaient la gemcitabine et la détruisaient à l’aide d’une enzyme appelée cytidine désaminase. Cette dernière peut se présenter sous différentes formes, seule la forme longue semble pour l’instant nocive. On sait pour le moment que 11 % des bactéries détiennent la capacité de produire cette enzyme sous forme longue, et donc d’interférer avec le traitement chimiothérapeutique.

D’après d’autres expériences menées par Ravid Straussman, chercheur au Weizmann Institute d’Israël, l’utilisation d’antibiotiques spécifiques pour contrer ces bactéries serait possible. Il alerte cependant sur l’apparition d’une probable résistance bactérienne à l’antibiotique utilisé causée par son utilisation répétée due à un traitement quotidien. La meilleure solution serait donc de développer de nouveaux médicaments, non pas capables de détruire la bactérie, mais d’inactiver l’enzyme responsable de la destruction de la gemcitabine.

Le médicament remis en cause est aussi utilisé dans les traitements luttant contre le cancer du côlon et le cancer du foie. Un rejet y serait donc peut-être aussi d’origine bactérienne. D’autres travaux d’études lancés par ces mêmes chercheurs sur des rejets de médicaments similaires vérifiera ou non si ce phénomène est isolé ou malheureusement commun pour d’autres traitements médicamenteux.

Sources : NewScientist, Science