Selon le récent rapport d’un think tank français, la consommation électrique des data centers devrait tripler d’ici cinq ans. L’une des principales causes de cette forte hausse est l’essor de l’intelligence artificielle. Or, les géants du secteur semblent ne pas avoir d’autre choix que de relancer l’exploitation et l’utilisation d’énergies fossiles comme le charbon et le gaz pour combler cette hausse.
Donald Trump soutient la course à l’IA
En 2023, un économiste néerlandais alertait déjà sur l’essor de l’intelligence artificielle, en ce qui concerne ses besoins croissants en énergie (et en eau). L’intéressé estimait qu’en 2027, le monde comptera pas moins d’1,5 million de data centers dédiés à l’IA et ce, pour une consommation électrique d’environ 100 Térawatts (TW) par heure. Si cette déclaration était plutôt effrayante, le think tank français The Shift Project vient de publier un rapport sur le sujet qui n’a rien de rassurant. Le document d’une centaine de page en ligne depuis le 1er octobre évoque une relance des énergies fossiles.
Aujourd’hui, le monde est concerné par une course frénétique à l’IA, à laquelle participent évidemment les États-Unis et les géants du numérique Meta, Amazon et Microsoft, entre autres. S’il est question de miser sur le nucléaire à moyen terme, les besoins en énergie relatifs au développement de l’IA sont tels que des solutions à court terme doivent être trouvées. Surtout, le président Donald Trump soutient déjà la démarche, en favorisant la croissance de la production électrique par tout les moyens, principalement le gaz mais également, le charbon.
Allonger la durée de vie des centrales électriques à charbon
Le ministère de l’Énergie étasunien a lancé un programme d’investissement de 625 millions de dollars auprès des fournisseurs d’électricité. Le but ? Moderniser des centrales à charbon afin de prolonger leur durée de vie, alors que certaines installations ont déjà plus d’un demi-siècle. Soulignons tout de même que pas moins d’une trentaine de centrales de ce type devaient fermer leurs portes avant la fin du mandat de Donald Trump. Citons par exemple la société First Energy, ayant annulé la fermeture de deux centrales qu’elle prévoit désormais d’exploiter potentiellement jusqu’en 2040.
De plus, le ministère de l’Énergie a également affirmé vouloir ouvrir des millions d’hectares fédéraux à l’exploitation du charbon. Il s’agit également d’alléger les réglementations environnementales en ce qui concerne les activités des centrales électriques à charbon.
La consommation des data centers devrait tripler en cinq ans
Selon The Shift Project, la consommation électrique des data centers pourrait atteindre 1 250 à 1 500 térawattheures (TWh) en 2030, alors que cette même consommation était de « seulement » 530 TWh en 2023. L’essor de l’IA devrait représenter entre 35 et 55% de l’activité des data centers, un taux qui est de seulement 15% aujourd’hui. Rien qu’aux États-Unis, la demande totale d’électricité
devrait battre des records avant de poursuivre sa croissance d’ici 2030. Le pays estime avoir besoin d’une hausse de la capacité de production à hauteur de 100 gigawatts. En général, le charbon et le gaz assureront environ 40% de la consommation électrique des data centers en 2035.
La course à l’IA est donc un des moteurs principaux de cette hausse de la demande en énergie. Citons l’exemple du géant Nvidia, premier fabricant mondial de puces d’intelligence artificielle. Il y a peu, la multinationale a déclaré vouloir investir 100 milliards de dollars dans la construction de centres de données géants pour OpenAI, leader mondial de l’IA générative à l’origine de ChatGPT.
Pour The Shift Project, il s’agit ici d’une véritable dérive climatique. L’idéal serait de planifier le développement de l’IA en fixant des plafonds à ne pas dépasser. Il serait également judicieux de réviser les usages de l’IA et ainsi, prioriser les applications compatibles avec les trajectoires climatiques des accords en cours.
