Le trou noir supermassif de la Voie lactée s’est soudainement « éclairé »

Crédits : T. Do, Keck / Groupe du Centre Galactique de UCLA

Le trou noir supermassif de la Voie lactée, Sagittarius A*, s’est soudainement éclairé au mois de mai dernier. Les astronomes n’ont pour l’heure aucune idée précise de ce qu’il s’est passé.

Au cœur de quasiment toutes les grandes galaxies se cache un trou noir supermassif. Certains sont très actifs, et d’autres – comme le nôtre – sont relativement calmes. D’où la surprise d’une équipe d’astronomes de l’Université de Californie, à Los Angeles, lorsqu’au mois de mai dernier, l’objet est devenu soudainement beaucoup plus lumineux (75 fois plus brillant) avant de revenir à la normale. Un « flash » inédit, dont la cause est pour le moment complètement inconnue. Les détails de l’étude sont actuellement en cours d’examen avant de faire l’objet d’une prochaine publication dans The Astrophysical Journal Letters.

« J’étais assez surpris au début et ensuite très excité, explique l’astronome Tuan Do, principal auteur de l’étude. Le trou noir était si brillant que je l’avais d’abord confondu avec l’étoile S0-2, parce que je n’avais jamais vu Sagittarius A * aussi lumineux ». Le « flash », lui, aurait duré deux heures. Voici la scène en accéléré ci-dessous :

Deux explications possibles

Pour expliquer le phénomène, les chercheurs avancent tout de même deux hypothèses. Il pourrait par exemple s’agir d’une réaction suite au passage de l’étoile S0-2 à proximité du trou noir (à moins de 17 heures-lumière). Cette étoile, la plus proche de l’ogre cosmique, gravitant autour tous les 16 ans environ et se déplaçant à 3 % de la vitesse de la lumière, aurait alors pu entraîner un changement de comportement de l’objet supermassif.

Nous savons également qu’un énorme nuage de poussière connu sous le nom de G2 s’est récemment approché du trou noir (à moins de 36 heures-lumière en 2014). Sur le moment, les chercheurs n’avaient pas remarqué grand-chose, mais il pourrait s’agir d’une réaction à retardement. Le fait de « happer » plus de matière que d’habitude pourrait en effet avoir généré un tel rayonnement.

Des observations en cours

Des études supplémentaires sur plusieurs longueurs d’onde seront néanmoins nécessaires pour établir avec certitude les processus physiques responsables cette « secousse » cosmique. Ces images ont été captées depuis l’observatoire WM Keck, à Hawaii, mais d’autres télescopes – notamment Spitzer et Chandra – pourraient bientôt nous donner plus d’informations.

Notons par ailleurs qu’il y a quelques jours, une équipe d’astronomes annonçait la découverte d’un trou noir 40 milliards de fois plus massif que le Soleil. Un véritable poids lourd comparé à Sagittarius A* qui, on le rappelle, ne pèse que 4 millions de masses solaires.

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