supercalculateur américain Nexus
Crédits : sdecoret/istock

Le supercalculateur Nexus calculera plus vite que 8 milliards d’humains réunis – de quoi révolutionner la science mondiale en quelques années

Dans les laboratoires de Georgia Tech, une révolution technologique se prépare qui pourrait transformer à jamais la façon dont l’humanité aborde ses défis les plus complexes. Nexus, le futur supercalculateur d’intelligence artificielle financé à hauteur de 20 millions de dollars par la National Science Foundation, promet de démocratiser l’accès aux outils de calcul les plus puissants de la planète. Avec une puissance de traitement qui défie l’imagination, ce mastodonte numérique pourrait bien accélérer la découverte scientifique d’une manière sans précédent.

Une puissance de calcul qui dépasse l’entendement

Lorsque Nexus entrera en service au printemps 2026, il déploiera une puissance computationnelle de plus de 400 quadrillions d’opérations par seconde. Pour saisir l’ampleur de cette performance, imaginez que chaque être humain sur Terre effectue simultanément 50 millions de calculs mathématiques par seconde, en continu. Cette comparaison, bien qu’impressionnante, ne rend qu’imparfaitement compte de la révolution que représente cette machine.

Cette puissance phénoménale s’appuie sur une infrastructure technologique aux dimensions vertigineuses. Le système intègre 330 trillions d’octets de mémoire vive et 10 quadrillions d’octets de stockage flash ultrarapide. Pour visualiser cette capacité de stockage, les ingénieurs utilisent une métaphore saisissante : si ces données étaient imprimées sur papier, elles formeraient une pile de 10 milliards de rames qui, empilées, atteindraient 500 000 kilomètres de hauteur – suffisamment pour relier la Terre à la Lune et parcourir un tiers du chemin de retour.

Une approche révolutionnaire de l’accessibilité scientifique

Ce qui distingue fondamentalement Nexus des supercalculateurs traditionnels ne réside pas uniquement dans sa puissance brute, mais dans sa philosophie d’accessibilité. Contrairement aux systèmes précédents, souvent réservés aux élites technologiques des grandes métropoles, Nexus a été conçu pour démocratiser l’accès aux outils d’intelligence artificielle les plus sophistiqués.

Les chercheurs de toutes les institutions américaines, qu’ils travaillent dans une université de premier plan ou dans un laboratoire régional, pourront solliciter un accès via la National Science Foundation. Cette démocratisation s’accompagne d’une révolution dans l’ergonomie : le système propose des interfaces conviviales spécialement développées pour rendre les outils d’IA avancés accessibles aux scientifiques de disciplines variées, même ceux qui ne sont pas des experts en informatique.

supercalculateur américain Nexus
Georgia Tech abrite également le supercalculateur PACE Hive Gateway. Crédits : Georgia Tech

Un catalyseur pour les grands défis de demain

Les applications potentielles de Nexus couvrent un spectre impressionnant de défis scientifiques contemporains. Dans le domaine médical, la machine pourrait accélérer drastiquement la découverte de nouveaux médicaments en simulant des millions d’interactions moléculaires complexes. Les chercheurs en énergie propre disposeront d’un outil incomparable pour modéliser et optimiser des systèmes énergétiques révolutionnaires.

La modélisation climatique, cruciale pour comprendre et anticiper les changements environnementaux, bénéficiera d’une précision et d’une vitesse de calcul inégalées. Les roboticiens pourront concevoir et tester virtuellement des systèmes autonomes d’une complexité jusqu’alors inimaginable. Cette polyvalence fait de Nexus un accélérateur universel de la recherche scientifique.

Une infrastructure nationale collaborative

Le projet transcende les frontières institutionnelles traditionnelles. Georgia Tech développe Nexus en partenariat étroit avec le Centre national des applications de supercalcul de l’Université de l’Illinois à Urbana-Champaign. Cette collaboration donnera naissance à un réseau haut débit reliant les deux systèmes, créant ainsi une infrastructure de recherche nationale partagée.

Cette approche collaborative vise à créer un écosystème scientifique où les découvertes dans un laboratoire peuvent instantanément bénéficier à des recherches menées à l’autre bout du pays. Les systèmes de transfert de données ultra-rapides permettront aux chercheurs de se concentrer sur l’essentiel : la découverte, plutôt que les contraintes techniques.

Un projet aux fondations solides

Georgia Tech n’aborde pas ce défi en terrain inconnu. L’université s’appuie sur son expérience avec HIVE, un projet précurseur qui a servi de laboratoire d’essai pour les concepts maintenant intégrés dans Nexus. Le centre de données CODA de pointe de l’institution fournit également une base technologique éprouvée pour ce nouveau mastodonte numérique.

La stratégie de déploiement reflète un équilibre entre excellence locale et service national. Georgia Tech réservera jusqu’à 10% de la capacité de Nexus à ses propres recherches, tout en gérant l’accès pour la communauté scientifique nationale via un processus d’évaluation rigoureux supervisé par la NSF.

Vers une nouvelle ère de découverte scientifique

Nexus représente bien plus qu’une simple amélioration technologique incrementale. Il incarne une vision où la puissance de l’intelligence artificielle devient un bien commun scientifique, accessible à tous les chercheurs animés par la passion de la découverte. Cette démocratisation pourrait catalyser des avancées scientifiques imprévisibles, ouvrant des voies de recherche que nous n’avons pas encore imaginées.

En uniformisant l’accès aux outils de calcul les plus avancés, Nexus pourrait bien déclencher une nouvelle révolution scientifique, où les limites de la découverte ne seront plus dictées par les ressources technologiques disponibles, mais uniquement par l’audace et la créativité des chercheurs.

Brice Louvet

Rédigé par Brice Louvet

Brice est un journaliste passionné de sciences. Ses domaines favoris : l'espace et la paléontologie. Il collabore avec Sciencepost depuis près d'une décennie, partageant avec vous les nouvelles découvertes et les dossiers les plus intéressants.