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Le stress est-il contagieux ?

Crédits : Pexels / Kat Smith

Une récente étude publiée dans Nature Neuroscience suggère que le stress transmis par d’autres peut effectivement changer votre cerveau de la même manière que votre propre anxiété.

Nous connaissons les changements cérébraux associés au stress qui sous-tendent de nombreuses maladies mentales, y compris le TSPT (trouble de stress post-traumatique), les troubles anxieux et la dépression. Des études récentes indiquent également que le stress et les émotions peuvent être contagieux, mais cela a-t-il des conséquences durables sur le cerveau d’une autre personne ? Pour le savoir, une équipe de chercheurs dirigée par Jaideep Bains, du Hotchkiss Brain Institute (HBI) de la Cumming School of Medicine de l’Université de Calgary (Canada), s’est récemment penchée sur les effets du stress chez des paires de souris mâles ou femelles.

Les chercheurs ont pour cette étude retiré une souris de chaque paire et l’ont exposée à un léger stress avant de la renvoyer à son partenaire. Ils ont ensuite examiné les réponses d’une population spécifique de cellules, particulièrement les neurones CRH. Ces derniers contrôlent la réponse du cerveau au stress. Chez chaque sujet, les scientifiques ont observé que les réseaux dans le cerveau de la souris stressée et du partenaire étaient modifiés de la même manière. « Ce qui était remarquable », note Toni-Lee Sterley, co-auteure de l’étude, « c’est que les neurones CRH des partenaires, qui n’étaient pas eux-mêmes exposés à un stress réel, présentaient des changements identiques à ceux mesurés chez les souris stressées ».

L’équipe s’est ensuite appuyée sur l’optogénétique, qui permet notamment de contrôler une souris à distance, grâce à une fibre optique émettant de la lumière directement dans son cerveau. Le but était ici de pouvoir « éteindre » ou « allumer » les neurones impliqués pendant la phase de stress. Ce faisant, ils ont alors empêché les changements dans le cerveau qui auraient normalement eu lieu. Lorsqu’ils ont fait « taire » les neurones du partenaire lors de son interaction avec la souris stressée, le stress n’a pas non plus été transféré au partenaire.

D’autre part, quand les chercheurs ont activé ces neurones en utilisant la lumière chez une souris, même en l’absence de stress, le cerveau de la souris recevant la lumière et celui du partenaire ont été changés comme ils le seraient après un stress réel. L’équipe a de ce fait découvert que l’activation de ces neurones CRH provoque la libération d’un signal chimique, une « phéromone d’alarme » de la souris qui alerte le partenaire. Le partenaire qui détecte le signal peut à son tour alerter d’autres membres du groupe. Cette propagation des signaux de stress révèle un mécanisme clé pour la transmission de l’information, qui peut être crucial dans la formation de réseaux sociaux dans diverses espèces.

Nous ne savons pas encore si les mêmes mécanismes s’appliquent aux humains, mais le chercheur suggère qu’il y a de bonnes raisons de le croire. « Nous communiquons facilement notre stress aux autres, parfois sans même le savoir. La capacité de ressentir l’état émotionnel d’un autre est un élément clé de la création et de la construction de liens sociaux ».

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