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Le Soleil est en train de s’acharner sur la pauvre VĂ©nus

Soleil éjection masse coronale
Ejection de masse coronale (EMC) / Crédits : NASA Goddard Space Flight Center/Wikimedia

VĂ©nus, la planète sĹ“ur de la Terre, connaĂ®t une pĂ©riode de conditions mĂ©tĂ©orologiques spatiales extrĂŞmes cette semaine après qu’une tache solaire gĂ©ante non visible depuis la Terre a expulsĂ© une Ă©norme explosion de plasma en sa direction.

Les taches solaires sont des zones de champs magnĂ©tiques intenses qui stoppent le processus de convection temporairement. En consĂ©quence, elles ne reçoivent plus les gaz chargĂ©s tourbillonnants Ă©manant de l’intĂ©rieur du Soleil et leur tempĂ©rature chute. C’est pourquoi elles apparaissent un peu plus sombres par rapport au reste de la surface du Soleil oĂą le champ magnĂ©tique n’est pas si intense.

Nous savons que le nombre de taches solaires augmente pendant la phase active du cycle solaire, qui est en cours. Au cours des derniers mois, plusieurs de ces taches ont donc Ă©mis des Ă©ruptions, laissant Ă©chapper des particules chargĂ©es, tandis que d’autres n’ont fait que passer. Certaines d’entre elles pourraient en revanche revenir encore plus fortes.

C’est notamment le cas de la tache AR 3088. Le mois dernier, elle avait attirĂ© l’attention des scientifiques avec son champ magnĂ©tique rotatif. En temps normal, les pĂ´les d’une tache solaire sont alignĂ©s +/-, ce qui signifie que le pĂ´le positif est Ă  gauche et le nĂ©gatif est Ă  droite. Dans le cas de l’AR3088, les pĂ´les ont tournĂ© de 90 degrĂ©s. Le pĂ´le positif s’est donc retrouvĂ© en haut tandis que le pĂ´le nĂ©gatif s’est retrouvĂ© en bas. Les scientifiques en ignorent encore les raisons. Ce que nous savons en revanche, c’est que cette tache solaire s’est finalement dĂ©tournĂ©e de la Terre pour viser une autre planète : VĂ©nus.

Deux claques en une semaine

Le lundi 5 septembre, la sonde STEREO-A de la NASA, dont l’Ĺ“il est constamment braquĂ© sur la Soleil, a repĂ©rĂ© une Ă©jection de masse coronale colossale (un nuage de particules chargĂ©es) libĂ©rĂ©e par l’atmosphère de notre Ă©toile en direction de VĂ©nus. C’est le second Ă©vĂ©nement de ce genre Ă  frapper la planète en une semaine. Le premier Ă©vĂ©nement, opĂ©rĂ© le 30 aoĂ»t dernier, avait Ă©tĂ© enregistrĂ© par la sonde europĂ©enne Solar Orbiter.

Visiblement, cette dernière Ă©ruption n’Ă©tait pas un petit Ă©vĂ©nement. « Je peux dire en toute sĂ©curitĂ© que l’Ă©vĂ©nement du 5 septembre est l’une des plus grandes (sinon LA plus grande) tempĂŞtes de particules Ă©nergĂ©tiques solaires (SEP) que nous ayons vues jusqu’Ă  prĂ©sent« , a dĂ©clarĂ© Georgo Ho, physicien solaire au laboratoire de physique appliquĂ©e de l’UniversitĂ© Johns Hopkins. « C’est au moins un ordre de grandeur plus fort que la tempĂŞte enregistrĂ©e la semaine dernière« .

éruption soleil vénus
Une éjection de masse coronale géante a éclaté du Soleil vers Vénus le 5 septembre 2022. Crédits : NASA/STEREO

Si l’Ă©jection a sans nul doute perturbĂ© l’atmosphère vĂ©nusienne, elle semble fort heureusement avoir largement ratĂ© la sonde Solar Orbiter selon les responsables de mission, bien que le magnĂ©tomètre du vaisseau ait Ă©tĂ© quelque peu affectĂ© par les particules Ă©nergĂ©tiques libĂ©rĂ©es.

En raison de la rotation du Soleil, cette fameuse tache solaire fera de nouveau face Ă  notre planète dans quelques jours. Autrement dit, la Terre aussi pourrait Ă©galement essuyer une mĂ©tĂ©o spatiale un peu compliquĂ©e au cours de ces prochaines semaines. Les scientifiques de la mission Solar Orbiter, dĂ©veloppĂ©e spĂ©cifiquement pour mesurer de tels Ă©vĂ©nements, s’en donneront Ă  cĹ“ur joie en cas d’Ă©ruption.