Le retrait de la banquise arctique, source de fluctuations climatiques brutales par le passé

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Crédits : pxhere.

De récentes analyses des carottes de glace prélevées au Groenland indiquent que le recul de la banquise arctique a été la source de changements climatiques régionaux considérables par le passé. En effet, il jouerait un rôle clé dans les élévations brutales de température enregistrées dans les glaces – une dizaine de degrés, parfois en moins d’une décennie. Une avancée dans le domaine de la paléo-climatologie qui interroge sur les implications du recul actuel pour la calotte du Groenland. 

Au cours des dernières décennies, la surface de l’océan arctique occupée par de la glace de mer en été a diminué d’environ 40 %. En outre, le volume de glace a été pratiquement réduit de trois quarts. La tendance à la baisse est également présente en hiver, bien que relativement moins marquée.

En vue d’anticiper les conséquences environnementales d’une telle évolution, une des approches employées consiste à se baser sur des données paléo-climatiques. L’idée est de regarder ce qu’il s’est produit par le passé lorsque la banquise arctique s’est retirée à grande vitesse. De nouveaux résultats publiés ce 11 février dans la revue PNAS (Proceedings of the National Academy of Sciences) apportent des éclaircissements sur la question.

Quand le recul de la banquise fait grimper le thermomètre au Groenland

Le projet a été mené par une équipe de chercheurs associée au British Antarctic Survey (BAS, Royaume-Uni). Les analyses effectuées sur les carottes de glace du Groenland démontrent le rôle majeur qu’a eu la banquise dans certains changements climatiques brutaux en Atlantique nord. Plus précisément, c’est via l’étude des isotopes de l’oxygène contenus dans la glace et leur comparaison à un modèle de climat que les scientifiques ont pu résoudre une énigme qui tenait en haleine les spécialistes.

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Crédits : Nasa

« Les scientifiques s’interrogent depuis des années sur la corrélation entre la perte de glace de mer dans l’Arctique et les événements climatiques extrêmes relevés dans les carottes de glace (du Groenland, NDLR.). Au moins quatre théories ont été avancées, et nous étudions ce problème depuis deux ans. Je suis ravie que nous ayons prouvé l’importance cruciale de la banquise en utilisant nos simulations numériques », explique Louise Sime, auteure principale de l’étude.

Les événements climatiques dont il est question prennent la forme d’une élévation brutale de la température au Groenland. En effet, celle-ci peut aller jusqu’à plus de 15 degrés en une décennie ! Puis, passé ce pic, il s’ensuit un lent refroidissement. Ces pulsions sont dénommées événements de Dansgaard-Oeschger, du nom des paléo-climatologues qui les ont identifiées pour la première fois. On en retrouve une vingtaine durant la dernière période glaciaire – il y a 30 000 à 100 000 ans de ça.

« Maintenant que nous comprenons mieux comment la perte de glace de mer a laissé sa marque sur les carottes de glace du Groenland, nous progressons dans le déchiffrage entre les différentes théories à propos de ce qui a déclenché ces événements climatiques remarquables », indique Rachael Rhodes, co-auteure de l’étude.

Un analogue pour le futur ?

En conséquence, si le recul de la banquise se matérialise effectivement par un réchauffement très brutal de la calotte groenlandaise, cela n’annonce rien de bon pour l’avenir. Toutefois, il reste la possibilité que la dynamique en climat glaciaire soit sensiblement différente de celle du climat présent – interglaciaire. De ce fait, la comparaison ne serait pas très pertinente.

Ainsi, bien qu’il soit difficile de trancher sur ce point à ce stade, on observe que le recul des glaces entraîne déjà des conséquences bien perceptibles. Il suffit de prendre pour exemple l’invasion récente d’ours polaires au nord-est de la Russie.

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