Le réchauffement climatique n’est pas vraiment un problème pour les manchots Adélie

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Un manchot Adélie équipé d'une caméra vidéo sur le dos et un accéléromètre sur la tête. Crédits : Yuuki Watanabe

Le réchauffement climatique est indéniablement mauvais pour l’ensemble de la faune mondiale. Enfin presque. Les manchots Adélie semblent en effet s’en accommoder. Du moins pour le moment.

Tout comme l’Arctique, l’Antarctique se retrouve en première ligne face au réchauffement climatique. Et cela se ressent dans les chiffres. En janvier 2019, une équipe de chercheurs, qui s’est appuyée sur 40 années de données, avait en effet souligné que le continent avait enregistré une perte de masse de glace annuelle multipliée par six entre 1979 et 2017.

Cette perte de glace, exacerbée par le réchauffement des températures, n’est pas une bonne nouvelle pour la faune locale. Les manchots empereurs, notamment, paraissent en très mauvaise posture. D’ailleurs, l’espèce pourrait même disparaître avant 2100.

Le cas « contre-intuitif » des manchots Adélie

D’autres espèces côtières sont également concernées par cette perte de glace, mais il y en a une qui semble s’en accommoder : les manchots Adélie (Pygoscelis adeliae).

Dans le cadre d’une récente étude, publiée dans Science Advances, des chercheurs ont suivi les comportements de 175 manchots d’une population évoluant dans la baie de Lützow-Holm, sur la partie orientale du continent, au cours de quatre saisons de reproduction.

Pour mener à bien cette mission, tous les oiseaux ont été équipés de traceurs GPS, d’accéléromètres et de caméras vidéo.

La saison 2016-2017 – la quatrième – s’est révélée particulièrement inhabituelle, marquée par une importante perte de glace éloignée avec les courants. Les chercheurs ont alors remarqué que, durant cette fameuse saison, les poussins avaient tendance à croître plus rapidement. De leur côté, les adultes ont également pris davantage de masse corporelle.

« Il s’avère que ces pingouins sont plus heureux avec moins de glace de mer, résume Yuuki Watanabe, de l’Institut national de recherche polaire du Japon et principal auteur de l’étude. Cela peut sembler contre-intuitif, mais le mécanisme sous-jacent est en fait assez simple ». Mais alors, comment l’expliquer ?

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Crédits : Wikipédia / Jason Auch

Moins d’efforts, plus de récompenses

Les manchots Adélie se dandinent généralement sur la glace avant d’accéder à l’eau pour chasser le krill. De temps en temps, les oiseaux percent également des fissures dans la glace de mer dans le but de reprendre un peu d’air.

Le fait qu’il y ait eu moins de glace durant cette année de reproduction 2016/2017 a finalement permis aux manchots de dépenser moins d’énergie qu’habituellement. Ils couraient moins sur la glace mais nageaient davantage en mer, et n’avaient plus forcément besoin de percer la glace pour respirer.

Selon l’étude, les manchots auraient en moyenne dépensé 15 à 33% d’énergie en moins par voyage cette année-là, en comparaison aux trois années précédentes. Le krill et l’oxygène s’obtenant alors sans trop d’efforts, cette énergie économisée a finalement été mise au service de la croissance des oiseaux, qu’ils soient grands ou petits.

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