Alors que le risque d’incendie se fait de plus en plus présent à mesure que le climat se réchauffe, les cumulonimbus initiés par certains d’entre eux semblent suivre la même tendance. Or, on a démontré que ces pyrocumulonimbus sont capables de transporter une quantité substantielle de particules de fumée jusque dans la stratosphère. À cette altitude, elles peuvent persister pendant des mois et affecter le climat mondial.
Un pyrocumulonimbus est un cumulonimbus initié par l’intense panache de chaleur qui accompagne un feu de forêt. En 2017, la dénomination officielle établie par l’atlas international des nuages devient cumulonimbus flammagenitus.
L’atmosphère doit être suffisamment instable et humide pour qu’un nuage orageux puisse prendre naissance de la sorte. Lorsque c’est le cas, l’ascendance qui se développe sur toute l’épaisseur de la troposphère aspire d’importantes quantités de particules de fumée. Elles donnent une couleur cendrée – voire volcanique – caractéristique au nuage.
Cette surabondance de particules fines explique également la faible capacité qu’a ce type de cumulonimbus à générer des précipitations. Néanmoins, elles peuvent parfois s’avérer suffisantes pour atténuer le brasier en surface. Plus fréquemment, le nuage va avoir tendance à générer d’autres feux de forêt à proximité via les décharges de foudre qui l’accompagnent. Un cercle vicieux.
Un phénomène local avec un impact global
L’intérêt des scientifiques pour ce phénomène s’est largement accru au cours des dernières décennies. En particulier, il a été démontré que les panaches nuageux sont capables de transporter une partie des particules de fumée jusque dans la stratosphère. À l’image de ce que peuvent faire les éruptions volcaniques, toute proportion gardée.
Or à cette altitude, l’absence de pluie ne permet pas un lessivage rapide des aérosols. Sous l’effet des courants atmosphériques, ils tendent au contraire à se disperser sur de grandes étendues, en réfléchissant une partie des rayons solaires incidents. Ce qui tend à refroidir le système climatique, toutes choses égales par ailleurs.

La durée de leur séjour dans la haute atmosphère s’élève à plusieurs mois. Par ce biais, il est apparu que les impacts des feux de forêt sur notre environnement – d’abord d’échelle locale – pouvaient prendre une dimension globale.
Un aléa météorologique de plus en plus fréquent ?
La question se pose donc de savoir comment l’activité des pyrocumulonimbus va évoluer à l’avenir. D’un point de vue qualitatif, les observations semblent montrer une augmentation de leur fréquence depuis les années 1990.
Par ailleurs, des endroits qui n’avaient jamais expérimenté cet aléa sont désormais concernés. On citera à titre d’exemples le Portugal, le sud de l’Afrique ou encore l’Argentine. Une tendance cohérente avec la multiplication et l’intensification des incendies dans un monde qui se réchauffe.
« Les pyrocumulonimbus ne sont pas des analogues du Pinatubo », indique Mike Fromm, météorologue à l’US Naval Reasearch Laboratory. « Mais la chose à considérer est que les éruptions volcaniques se produisent sporadiquement. Les pyrocumulonimbus, eux, se produisent chaque année ».
En somme, c’est un peu comme si l’activité volcanique sur Terre augmentait légèrement à mesure que la température moyenne du globe s’élève. À ça près que les responsables de l’injection d’aérosols dans la stratosphère ne sont pas les volcans, mais un type particulier de cumulonimbus.
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