Le problème des bactéries antibiorésistantes lié aux excréments humains !

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Jugée comme étant un important problème de santé publique, la résistance aux antibiotiques fait de plus en plus parler d’elle. Une récente étude suédoise a tenté d’apporter davantage de réponses concernant l’antibiorésistance des bactéries que l’on retrouve dans la Nature.

La résistance aux antibiotiques

Selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), la résistance aux antibiotiques est aujourd’hui un problème mondial de santé publique. Ce phénomène est présenté comme étant naturel, mais le processus est accéléré par le mauvais usage que font les humains de ces médicaments destinés à prévenir et traiter les infections bactériennes.

Les antibiotiques découverts au début du XXe siècle ont permis de combattre de nombreuses maladies infectieuses telles que la tuberculose, la pneumonie ou encore les méningites. Cependant, la mutation des bactéries pour résister aux médicaments va de pair avec la question cruciale concernant leur dissémination dans l’environnement via les déjections humaines.

Si ce phénomène est connu, une étude récente menée par des chercheurs de l’Université de Gothenburg (Suède) publiée le 8 janvier 2019 dans la revue Nature Communications a tenté d’aller plus loin. En effet, il a été question de savoir si les bactéries antibiorésistantes étaient déjà dotées de cette capacité lors de leur rejet dans la Nature, ou si cette dernière était développée après coup. Il s’agit ici d’une question très importante dans la mesure où l’humanité pourrait se retrouver face à de nouveaux mécanismes d’antibiorésistance.

Les bactéries échangent des gènes !

Selon les chercheurs, la quantité de bactéries antibiorésistantes situées dans la Nature est en lien étroit avec la présence du crAssphage. Or, ce dernier n’est autre qu’un bactériophage exclusivement présent dans les excréments d’origine humaine ! Il y a cependant une exception, à savoir celle des eaux usées en provenance des usines de fabrication d’antibiotiques. Dans ce cas, les bactéries peuvent développer leurs propres gènes de résistance dans l’environnement, et ce par sélection naturelle ! Par ailleurs, si les suspicions concernant l’existence de nouvelles formes d’antibiorésistance sont atténuées par ces conclusions, la question des stations d’épuration vient ajouter de l’inquiétude.

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Selon une étude menée par l’Institut fédéral suisse des sciences et technologies de l’eau (Eawag) publiée en décembre 2018, les traitements d’épuration éliminent 70 % des gènes de résistance arrivant à la station avec les eaux usées. En revanche, 40 % des gènes de résistance détectés en sortie proviendraient des « boues activées » . Autrement dit, il est question selon les chercheurs d’échanges de gènes entre bactéries voisines, car les gènes de résistance intervenant dans le traitement biologique sont parfois identiques à ceux détectés dans les germes pathogènes.

Ainsi il subsiste encore des doutes, mais quelques certitudes sont tout de même apparues concernant les actions à mener. Les chercheurs estiment que l’usage des antibiotiques devrait faire l’objet d’un encadrement plus optimal. Les stations d’épuration devraient également redoubler d’efforts afin d’améliorer le traitement des bactéries et limiter leur dissémination dans l’environnement.

Sources : EurekAlert – Futura Sciences

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