Quelqu’un a enfin calculĂ© le nombre de fourmis dans le monde

fourmis insectes
Crédits : Manulrp/Pixabay

Vous vous ĂŞtes peut-ĂŞtre dĂ©jĂ  demandĂ© combien il y a de fourmis dans le monde. L’Ă©tonnante ubiquitĂ© de ces insectes a d’ailleurs incitĂ© nombre de naturalistes Ă  estimer leur nombre exact sur Terre, mais les estimations systĂ©matiques et empiriques manquaient jusqu’Ă  prĂ©sent. Une analyse rigoureuse nous permet d’y voir un peu plus clair. Alors, combien y a-t-il de fourmis en ce monde ? Et quelle est la masse combinĂ©e de tous ces insectes ?

La connaissance de la distribution et de l’abondance de la biodiversitĂ© est fondamentale pour comprendre le rĂ´le des organismes au sein de leurs Ă©cosystèmes, et donc leur importance Ă©cologique. Ces donnĂ©es font actuellement dĂ©faut pour les insectes, mĂŞme pour les plus omniprĂ©sents tels que les fourmis (15 700 espèces). Ces dernières ont pourtant une importance Ă©cologique considĂ©rable.

Dans le cadre d’une Ă©tude publiĂ©e dans les Actes de l’AcadĂ©mie nationale des sciences, des chercheurs se sont appuyĂ©s sur toutes les donnĂ©es actuellement disponibles pour faire une estimation fiable du nombre total de fourmis sur Terre, de leur biomasse et de leur distribution. Leur mĂ©ta-analyse est basĂ©e sur 489 Ă©tudes, couvrant tous les continents, les principaux biomes et les habitats.

Sur la base des donnĂ©es analysĂ©es, les chercheurs estiment prudemment qu’il existe environ vingt quadrillions (vingt millions de milliards) de fourmis sur Terre. C’est le double du calcul très approximatif d’EO Wilson qui, en 1994, estima le nombre de fourmis par extrapolation Ă  partir des donnĂ©es du sud-est de l’Angleterre. Ă€ noter que cette estimation ne prend pas en compte les membres des colonies qui ne quittent pas leurs nids pour se nourrir, ainsi que des zones telles que les forĂŞts borĂ©ales oĂą les donnĂ©es sont rares.

fourmis cancer
Crédits : vlada11/Pixabay

Biomasse et distribution

En tenant compte de la diversitĂ© des poids des fourmis, les auteurs estiment Ă©galement que le carbone sec dans ces quadrillions de petits corps s’Ă©lève Ă  environ douze mĂ©gatonnes. Ă€ titre de comparaison, cela Ă©quivaut Ă  environ 20 % de la biomasse humaine.

Enfin cĂ´tĂ© distribution, on apprend qu’il y a environ six fois plus de fourmis arboricoles que de fourmis terrestres. Chez ces dernières, les abondances se concentrent fortement dans les rĂ©gions tropicales et subtropicales, mais varient considĂ©rablement selon les habitats. La densitĂ© de fourmis de litière de feuilles, par exemple, est la plus Ă©levĂ©e dans les forĂŞts, tandis que le nombre de fourmis activement en quĂŞte de nourriture au sol est le plus Ă©levĂ© dans les rĂ©gions arides.

Pour les auteurs, ces travaux mettent en évidence le rôle central de ces insectes dans les écosystèmes terrestres, mais aussi des lacunes écologiques et géographiques majeures dans nos connaissances actuelles. À terme, ces données pourraient fournir une base de référence permettant de suivre les réponses des fourmis aux changements environnementaux.