L’une des bases de données les plus complètes sur les tueurs en série montre une baisse du nombre de personnes impliquées, et donc de victimes, depuis les années 1980. Comment expliquer une telle tendance ?
Les tueurs en série se définissent comme des personnes qui ont tué illégalement deux victimes ou plus lors d’événements distincts. Si la terminologie est assez récente, les criminels qui tuent sans motif apparent ont toujours existé. Cependant, ce n’est qu’à partir des années 1990 que des infos ont été compilées de manière sérieuse dans le but de créer de véritables bases de données. Ces travaux permettent de rendre compte de diverses statistiques, mais aussi de mieux cerner et poursuivre d’éventuels meurtriers encore actifs.
Les chercheurs de l’Université de Radford et de l’Université de la côte du golfe de Floride (États-Unis) sont à l’origine de l’une des bases de données les plus complètes à ce jour. Voici quelques points à retenir.
Hommes et femmes, différents mobiles et modes opératoires
Nous savons, grâce à ces informations, que les États-Unis sont le pays qui compte le plus de tueurs en série (plus de 3000 depuis 1900). Cela représente 67 % des personnes impliquées dans le monde, alors que ce pays ne compte que 4,35 % de la population mondiale. L’Angleterre arrive derrière avec 167 tueurs en série, suivie du Japon (137), de l’Afrique du Sud (123), de l’Inde (121) et du Canada (119).
Depuis le début des données en 1900, environ 11 % de ces meurtriers récidivistes sont des femmes. Ces dernières sont plus susceptibles d’utiliser du poison que les tueurs en série masculins et de tuer pour de l’argent. Les hommes sont de leur côté plus susceptibles de tuer pour leur propre plaisir, et plus susceptibles de le faire en tirant ou en étranglant leurs victimes.
En outre, les victimes de tueuses en série sont plus susceptibles d’être des membres de la famille. À l’inverse, celles des hommes ont tendance à être étrangères à la famille.
En décomposant davantage les crimes, la base de données contient d’autres faits assez glauques. On estime ainsi que 1,8% des tueurs en série ont mangé une partie de leurs victimes (contre 1,3 % de femmes). Environ 0,7 % des hommes auraient également bu le sang de leurs victimes (0,4 % des tueuses en série).
Une baisse depuis 40 ans
Enfin, ces données témoignent également d’une baisse des meurtres par des tueurs en série aux États-Unis depuis le « pic » des années 1980. On estime en effet qu’il y avait 254 tueurs en série à cette époque, puis 227 dans les années 90. D’après la dernière mise à jour, on ne dénombrait plus que 66 tueurs en série aux États-Unis durant la période 2010-2018.
Les chercheurs attribuent ce déclin à plusieurs facteurs. Avec les technologies actuelles, par exemple, les tueurs en série ayant des motifs financiers sont moins susceptibles de passer inaperçus. Ils soulignent également une diminution des opportunités, notamment avec le déclin de l’auto-stop, et la mise en place de politiques de libération conditionnelle plus strictes, permettant de remettre moins de tueurs en série potentiels dans la rue.