Depuis plusieurs décennies, un squelette était associé à Ernest de Fontaubert, un gentilhomme à la réputation douteuse ayant vécu au XIXe siècle. Toutefois, une analyse au carbone 14 a permis de comprendre qu’il s’agissait en réalité d’un homme exhumé il y a six ou sept siècles !
Un mythe bien ancré
Le squelette « Ernest » a été retrouvé en 1913 à à Saint-Pierre-de-Frugie (Dordogne) sous 20 cm de terre. Les découvreurs étaient des maçons creusant une cave dans le manoir de Montcigoux. Ce squelette a alors très longtemps été au cœur d’un mythe très ancré, et ce à partir de 1933. Tout est partie d’une publication d’une chroniqueuse locale. Cette dernière avait affirmé que la dépouille était celle d’Ernest de Fontaubert, l’ancien propriétaire du manoir, parti en Californie (États-Unis) en 1850 avec sa sœur, tous deux attirés par la ruée vers l’or.
À son retour, Ernest aurait été tué par son jeune frère Arthur. Il s’agissait là d’un crime passionnel, teinté par une relation incestueuse entre Ernest et leur sœur. La légende s’est ensuite transmise de génération en génération et a notamment inspiré un ouvrage intitulé La Terre aux Loups (1958) de Robert Margerit. Néanmoins, de nombreuses personnes ont tenté de vérifier la légende.

Crédits : capture YouTube / AFP
Un mythe finalement entériné
Comme l’explique L’Obs dans un article publié le 30 novembre 2019, Ernest n’est pas Ernest ! Bernard Aumasson est généalogiste amateur enquêtant sur le squelette depuis 2011. Or, l’intéressé, aidé par une généalogiste américaine, a tenté de trouver des indices en Californie en 2013. Ensemble, ils prouveront que Ernest de Fontaubert n’est jamais revenu à Montcigoux. Par ailleurs, en 2016, l’Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale (IRCGN) a réalisé une autopsie du squelette. Néanmoins, l’entreprise échouera en raison de l’état très dégradé des os.
Finalement, le laboratoire CIRAM situé près de Bordeaux a récemment effectué une datation carbone 14, financée par des fonds privés. Et les résultats ont définitivement enterré le mythe : le squelette appartient à un homme ayant vécu entre 1278 et 1388. Selon Bernard Aumasson, il pourrait s’agir d’un soldat ayant combattu durant la Guerre de Cent Ans (1337-1453). L’intéressé a également indiqué que non loin du manoir se situe un cimetière abandonné. Or, celui-ci se trouve sur l’ancienne ligne de front entre les Anglais et les Français.
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