Il était temps, on n’en dormait plus. Le docteur Samuel Salama nous livre une étude réalisée avec son confrère, le Dr Pierre Desvaux, pour son mémoire de sexologie. La réponse à une question qui fera couler beaucoup d’encre… et d’urine, pour le coup.
Les femmes fontaine sont ces dames qui émettent une quantité énorme de liquide, généralement au moment de l’orgasme. « Il existe très peu d’études sur le sujet et elles sont parfois contradictoires. Le terme éjaculation féminine a été utilisé pour parler des femmes fontaines, par analogie avec l’éjaculation masculine. Or, même s’il a été démontré que les femmes ont une prostate — ce sont les glandes de Skene — cette dernière pèse entre 2 et 5 grammes alors que chez l’homme, elle pèse environ 30 grammes. Impossible avec une taille aussi petite d’émettre jusqu’à 250 ml de liquide » explique Samuel Salama, gynécologue obstétricien et andrologue à Paris.
Bon, du coup, d’où ça vient tout ça ?
Afin de répondre au phénomène, le docteur Salama a demandé à un petit groupe de femmes fontaines d’uriner dans un bocal. Une fois l’urine prélevée, une échographie a été faite pour vérifier que leur vessie était bien vide. Ensuite, le docteur leur a demandé de se stimuler, sexuellement. Après quelques minutes, il s’est avéré que leur vessie était à nouveau pleine. En analysant ensuite le mystérieux liquide fontaine émis, le docteur a découvert qu’il contenait de l’urée, de la créatinine et de l’acide urique, comme dans les urines… Cet abondant liquide est donc bien de l’urine.
Mais selon les observations du docteur Salama, il existerait deux types de femmes fontaines. D’une part, les « dépendantes » : « elles émettent ce liquide uniquement par la stimulation directe de la paroi intérieure du vagin (point G ou complexe clitorido-urtro-prostato-vaginal). La stimulation de cette zone donne du plaisir à la femme qui accepte de se laisser aller. Si sa vessie est pleine, cette manipulation purement mécanique entraîne un écoulement de l’urine, par un effet collatéral en quelque sorte. »
Arrive une seconde catégorie de femmes fontaines, dites « autonomes » : « Le phénomène est dans ce cas plus cérébral. Il est plus rare et peut survenir avec tout type de stimulation sexuelle. Dans le lobe frontal du cerveau, il existe une zone dédiée à la miction qui, nous le savons, dépend d’un apprentissage social : petit, on nous a tous appris qu’il ne fallait faire pipi que sur les toilettes. Tout à côté se trouve la zone du contrôle social. Or, pour se laisser aller à l’orgasme, la femme doit désactiver cette zone et l’on pense que cette inhibition s’étend aussi à sa voisine, dédiée à la miction. »
Les Implications Sociales et Psychologiques
L’étude du phénomène des femmes fontaines ne se limite pas aux aspects physiologiques. Il existe également des implications sociales et psychologiques importantes. Les tabous et les mythes entourant l’éjaculation féminine peuvent engendrer des sentiments de honte ou de confusion chez les femmes concernées. Une meilleure compréhension scientifique et une sensibilisation accrue pourraient aider à normaliser cette expérience, permettant ainsi aux femmes de se sentir plus à l’aise avec leur propre corps.
Les hommes et les partenaires de ces femmes peuvent également bénéficier de cette connaissance, en développant une compréhension plus empathique et informée. Cela pourrait améliorer la communication et la satisfaction sexuelle au sein des couples, contribuant ainsi à des relations plus harmonieuses et respectueuses.
En définitive, l’étude des femmes fontaines par le Dr Salama et ses collègues ouvre la voie à une nouvelle compréhension des réponses sexuelles féminines. Elle invite à une réflexion plus large sur la diversité des expériences humaines, tout en soulignant l’importance de l’acceptation et du respect des différences individuelles.