Le monde perd beaucoup d’insectes, mais il y a de l’espoir

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Crédits : Pixabay

De nouvelles recherches confirment le déclin massif des insectes, mais une tendance nous montre que les politiques locales de protection des écosystèmes sont capables de faire la différence.

Au cours de ces dernières années, plusieurs études nous ont alarmé sur le déclin des insectes à travers le monde. En 2017, des travaux ont par exemple estimé à environ 75% la diminution des insectes volants au cours de ces dernières décennies dans les réserves naturelles allemandes. Un rapport publié en 2018 avait de son côté souligné que les insectes étaient durement touchés dans les forêts de Porto Rico, quand un autre, signé de chercheurs australiens en février 2019, allait encore plus loin, suggérant que les insectes pourraient tout bonnement disparaître avant 2100.

Une nouvelle étude publiée dans la revue Science confirme aujourd’hui la tendance, mais émet quelques nuances. Ces travaux, qui compilent les données extraites de 166 études menées entre 1925 et 2018 sur 1 676 sites, suggèrent en effet que le rythme de déclin des insectes n’est pas hétérogène. Dans certains espaces, les chercheurs ont même souligné des tendances positives.

L’exemple des insectes d’eau douce

À titre d’exemple, on apprend que le monde perd en moyenne plus de 9 % d’insectes terrestres par décennie, tandis que les populations d’insectes d’eau douce, tels que les moucherons ou les éphémères, ont augmenté en moyenne de 11 % par décennie.

Selon les chercheurs, les politiques mises en place, axées sur la propreté des cours d’eau et des réserves d’eau douce, pourraient, du moins en partie, expliquer ce dernier phénomène. « Ce qui donne espoir pour de futures actions de conservation dirigées », peut-on lire dans l’étude.

Sur le plan géographique, il est également souligné, sans surprise, que les sites protégés ont des niveaux de déclin inférieurs à ceux touchés par l’urbanisation. En général, les déclins les plus prononcés ont été enregistrés dans les États de l’Ouest et du Midwest américain, et en Europe (Allemagne en particulier).

Soulignons tout de même quelques limites à l’étude. D’une part la grande majorité des données ont été recueillies en Amérique du Nord et en Europe, tandis que les aires protégées ont été largement surreprésentées (34% des sites étudiés alors qu’elles ne représentent que 15% de la masse continentale).

C’est pourquoi les chercheurs demandent à ce que davantage de données provenant de régions sous-représentées soient recueillies dans le but de brosser un tableau plus large et plus complet de la présence des insectes sur la planète.

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Crédits : PollyDot / Pixabay

« L’espoir est un moteur de changement plus puissant que la peur »

Malgré tout, le contre-exemple des insectes d’eau douce nous montre que les politiques locales de protection des écosystèmes peuvent être efficaces.

Les chercheurs ne jettent pas la pierre aux précédentes études, qui évoquaient parfois un véritable « Armageddon » chez les insectes.

« Cette expression a capté l’attention collective et braqué les projecteurs sur l’un des groupes d’organismes les plus nombreux et les plus divers de la planète, admet Maria Dornelas de l’Université de St Andrews (Royaume-Uni). Cependant, les messages fondés sur la peur se retournent souvent contre nous. L’adoption de nuances nous permet ici d’équilibrer les rapports de pertes avec des exemples d’espoir de victoires. L’espoir est un moteur de changement plus puissant que la peur », conclut la chercheuse.

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