En novembre, des historiens de l’art et des experts médicaux ont identifié des protubérances et un mamelon rétracté (signes révélateurs d’un cancer du sein) dans Le Déluge, une peinture de Michel-Ange. Toutefois, d’autres secrets étaient enfouis dans l’art du grand maître, cette fois dans le Jugement Dernier. Une experte en art affirme en effet avoir trouvé une figure biblique clé et jusqu’ici manquante dans la magnifique fresque de la chapelle Sixtine. Dans une sorte de ‘Où est Charlie ?‘ rejoué cette fois sur ce chef-d’œuvre de la Renaissance, cette chercheuse italienne affirme avoir localisé une représentation de Marie-Madeleine.
Le Jugement Dernier : une peinture complexe
Par sa représentation profonde de la rédemption et de la damnation, il ne fait aucun doute que Le Jugement Dernier est l’une des plus peintures les plus sublimes au monde. Mesurant 13,7 mètres sur 12,2 mètres, cette œuvre monumentale signée de l’artiste italien Michelangelo di Lodovico Buonarroti Simoni (ou plus simplement Michel-Ange) orne tout le mur de l’autel de la chapelle Sixtine, dans la Cité du Vatican.
Ce chef-d’œuvre, réalisé entre 1536 et 1541, compte environ 300 figures et de nombreux détails, si bien que même 500 ans après son achèvement, leur identité continue d’être débattue, composant un véritable ‘Qui Est Qui ?‘ du christianisme. Au centre se tient bien sûr le Christ accompagné de la Vierge Marie. Autour gravitent Jean-Baptiste, Saint-Pierre et une assemblée de saints. La peinture montre plusieurs figures masculines à moitié nues. Au-dessus, les anges transportent la croix et la colonne à travers les cieux. En bas, les damnés sont battus, jetés et conduits vers leur destin funeste par des trompettes lors du Jugement Dernier.

L’identité de Marie-Madeleine, la première personne à avoir rencontré Jésus après sa résurrection, est toutefois restée insaisissable. Certains pensaient que cette femme controversée avait été totalement omise. Ce n’était toutefois pas l’avis de Sara Penco, une restauratrice et chercheuse d’art basée à Rome avait le sentiment que la pécheresse repentie était une figure trop centrale dans la vision chrétienne de Michel-Ange pour être écartée. Au sein de la foule, un homme tenant une croix et une femme à ses côtés ont toutefois attiré son attention.
Jésus représenté deux fois dans le Jugement Dernier ?
Sara Penco affirme que le personnage masculin musclé, presque nu, qui tient la croix n’est nul autre que Jésus-Christ. Selon elle, il ne s’agirait pas, comme on l’a longtemps supposé, de Simon de Cyrène, l’homme contraint par les Romains de porter la croix de Jésus sur le chemin de la crucifixion. Cela suggère donc qu’il y aurait deux représentations de Jésus dans Le Jugement Dernier : une à droite avec Marie-Madeleine (voir ci-dessous) et une au centre, auréolée de lumière.
Bien que leurs visages soient différents, ils ont tous deux leur bras droit dans une position similaire et des mèches de cheveux clairs identiques. Ils sont également tous deux imberbes, ce qui dévie des représentations traditionnelles de Jésus avec une barbe, inspirées semble-t-il par une ancienne statue grecque d’Apollon. Même s’il peut sembler étrange de représenter deux fois le même personnage dans une seule peinture, Penco pense qu’ils seraient ici différenciés en Christ juge et Christ rédempteur.

Si tel le cas, alors la femme à ses côtés est Marie-Madeleine.
« Je suis fermement convaincue qu’il s’agit de Marie-Madeleine », affirme Sara Penco à Rome le 10 décembre, lors d’un événement annonçant la parution de son livre sur cette découverte. « L’intimité avec la croix, la robe jaune et les cheveux blonds, mais aussi tout le contexte dans lequel Michel-Ange place cette figure pour souligner son importance. » L’argument le plus simple de Penco repose en effet sur la proximité de Marie-Madeleine avec le Christ et sa croix dans la peinture. Elle embrasse la croix tandis que le Christ la regarde. C’est une proximité qui trouve écho dans la Bible : Marie-Madeleine s’arrête près de la croix durant la Passion, reste au tombeau, assiste à la résurrection de Jésus et annonce la nouvelle aux apôtres.

Il y a ensuite le jaune éclatant de la robe de la femme. Cette couleur évoquait en effet la trahison, le péché et la folie, des caractéristiques souvent associées à Marie-Madeleine, bien qu’elle ait parfois aussi été représentée en rouge, la couleur de la résurrection. L’utilisation du jaune s’explique ainsi par le fait qu’elle était souvent décrite comme une femme pécheresse, comme dans l’Évangile de Luc, et généralement considérée comme une prostituée repentie.
« Michel-Ange était un peintre expert très cultivé qui connaissait parfaitement les dynamiques de l’Église, les évangiles et il ne pouvait pas l’avoir oubliée », conclut l’experte sur celle qui est sûrement l’une des figures les plus mystérieuses et intrigantes des évangiles.