Le Gulf Stream est à son plus faible niveau en 1 600 ans, et ce n’est pas une bonne nouvelle

Crédits : NASA / Greg Shirah

En Atlantique, la circulation des courants qui transportent la chaleur dans les hautes latitudes de l’hémisphère Nord ralentit en raison du changement climatique. Un constat qui inquiète la communauté scientifique. L’AMOC (ou circulation méridienne de retournement dans l’Atlantique) aurait été relativement stable entre l’an 400 et 1850, mais se serait affaibli au début de l’ère industrielle.

La circulation méridionale atlantique a diminué de 15 % depuis le milieu du 20e siècle, pour atteindre un « nouveau record », concluent les scientifiques dans une étude publiée dans la revue Nature. Nous parlons ici d’une diminution de 3 millions de mètres cubes d’eau par seconde, soit l’équivalent de près de 15 rivières amazoniennes. Cet affaiblissement des courants serait le fruit de la fonte de la banquise, des glaciers et de plates-formes glaciaires qui libèrent de l’eau douce – moins dense que l’eau salée – dans l’Atlantique Nord.

« L’eau douce affaiblit la circulation des courants océaniques car elle empêche les eaux de devenir assez denses pour couler », explique à l’AFP David Thornalley, de l’University College de Londres et co-auteur d’une des études. Cette circulation permanente des eaux marines consiste en une remontée des eaux chaudes des zones tropicales de l’Atlantique vers le Nord grâce au Gulf Stream, réchauffant au passage l’Europe de l’Ouest. Une fois dans l’Atlantique Nord, ces eaux refroidissent, deviennent plus denses et plus lourdes puis coulent sous des eaux plus chaudes pour repartir vers le sud.

« C’est quelque chose que les modèles climatiques ont prédit depuis longtemps, mais nous n’étions pas sûrs que cela se produisait vraiment », explique l’un des auteurs de l’étude, Stefan Rahmstorf, de l’Institut de recherche sur les impacts climatiques de Potsdam, en Allemagne. « Si le système continue de faiblir, cela pourrait perturber les conditions météorologiques depuis les États-Unis et l’Europe jusqu’au Sahel, et provoquer une hausse plus rapide du niveau des mers sur la côte est des États-Unis », avertit de son côté l’Institut océanographique de Woods Hole basé aux États-Unis. Si la tendance continue, des conséquences possibles seraient plus de tempêtes l’hiver en Europe, ou un déplacement vers le sud de la ceinture tropicale de pluies.

Ces courants marins transportent aussi d’une zone à l’autre des nutriments, de l’oxygène, des larves de coraux ou encore de poissons. Ils contribuent également à la capacité des océans à absorber et à stocker du dioxyde de carbone (CO2), principal responsable du réchauffement climatique. Ainsi un affaiblissement de l’AMOC pourrait conduire à laisser plus de dioxyde de carbone dans l’atmosphère, où il contribue au réchauffement climatique. Un cercle vicieux, en somme.

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