Une étude révèle l’ampleur colossale du dégel qu’a subi le Groenland au cours de l’été dernier. Les résultats obtenus sont issus de mesures effectuées par gravimétrie satellitaire. Aussi, ils tiennent à la fois compte des pertes en surface et des pertes par vêlage ou fusion basale des glaciers. Le papier a été publié le 18 mars dernier dans la revue Geophysical Research Letters.
Depuis une vingtaine d’années environ, les calottes polaires siégeant au Groenland et en Antarctique perdent de la masse à un rythme accéléré. Cette évolution que l’on doit au réchauffement de l’atmosphère et de l’océan contribue en grande partie à la hausse du niveau des mers. Les autres facteurs étant la dilatation thermique des océans – une eau plus chaude occupe un volume plus important – et le recul des glaciers de montagne.
Groenland : une perte de masse proche du record de 2012
Le traitement des mesures effectuées par gravimétrie satellitaire montre qu’en 2019, l’inlandsis groenlandais a enregistré une perte de masse considérable. Dans leur papier, les scientifiques avancent le chiffre de 600 milliards de tonnes de glace. Une quantité suffisante pour faire monter le niveau moyen des mers de 2,2 millimètres.

Et pour cause, des circulations anticycloniques ont régulièrement transité au-dessus de la calotte, signant de multiples remontées d’air relativement chaud. Par ailleurs, elles ont amené des conditions de ciel dégagé favorables à une forte insolation. En d’autres termes, le scénario idéal pour asseoir une fonte massive.
« Nous savions que l’été dernier a été particulièrement chaud au Groenland, (…) mais les chiffres sont énormes » précise Isabella Velicogna, auteure principale de l’étude. En comparaison, 2012 avait enregistré une perte de masse record d’environ 650 milliards de tonnes. 2019 n’est donc pas passée très loin d’établir un nouvel extrême.
Les programmes de suivi satellitaire, des outils très précieux
Notons qu’entre 2002 et 2019, la calotte a perdu plus de 4500 milliards de tonnes de glace. Cet intervalle correspond à la période où l’on dispose d’estimations précises issues de mesures par gravimétrie satellitaire. Deux programmes ont assuré ce suivi. Le premier, GRACE, a démarré le 17 mars 2002 et s’est achevé le 12 octobre 2017. Le second, GRACE Follow-on, est déployé depuis le 22 mai 2018.

Ainsi, une partie du travail détaillé dans le papier a également été de vérifier si les systèmes ne montraient pas d’incohérences entre eux. Une éventualité crainte par les chercheurs mais qui s’est finalement évanouie lorsque les résultats ont révélé une très bonne concordance.
Enfin, concernant l’Antarctique, « la perte de masse dans l’ouest se poursuit sans relâche, ce qui est une très mauvaise nouvelle pour l’élévation du niveau de la mer » précise Isabella Velicogna. « Mais nous observons également un gain de masse dans le secteur atlantique de l’Antarctique oriental dû à une augmentation des chutes de neige. Cela contribue à atténuer l’énorme augmentation des pertes de masse que nous avons constatée au cours des deux dernières décennies dans d’autres parties du continent ».
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