Le « gaz hilarant » comme traitement antidépresseur?

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Crédits : palmera / Pixabay

Selon une nouvelle étude, le protoxyde d’azote, plus familièrement appelé « gaz hilarant », pourrait être un remède efficace pour lutter contre les dépressions sévères résistantes aux traitements traditionnels.

La dépression, qui se caractérise généralement par une tristesse intense, un sentiment de culpabilité et une forte anxiété, est une maladie particulièrement handicapante qui se doit d’être prise en charge dans les plus brefs délais. Pour autant, si près de 340 millions de personnes dans le monde souffrent actuellement de cette pathologie, un tiers d’entre eux ne répondent pas de manière efficace aux traitements antidépresseurs classiques. Un constat inquiétant qui nécessite la mise en œuvre de recherches afin de trouver des alternatives thérapeutiques.

Parmi les substances actuellement à l’essai, certains antagonistes des récepteurs NMDA, telle la kétamine, semblent offrir une piste particulièrement prometteuse. C’est pour cette raison que des chercheurs de la Washington University School of Medicine ont eu la curiosité de tester l’efficacité d’un gaz anesthésiant appartenant à cette classe de molécules : le protoxyde d’azote (ou « gaz hilarant »).

Pour ce faire, les scientifiques ont mené un essai clinique sur une cohorte de 20 patients atteints de dépression résistante. L’étude, conduite en double aveugle, s’est déroulée en deux sessions séparées d’une semaine. Durant chacune d’elle, chaque patient recevait soit le principe actif (mélange composé à 50 % protoxyde d’azote/ 50 % oxygène), soit un placebo (mélange composé à 50 % oxygène/ 50 % azote). Quelle que soit la session, chaque participant devait inhaler le mélange pendant près d’une heure.

Des résultats encourageants

Les résultats de l’essai clinique ont montré que le protoxyde d’azote avait eu un effet antidépresseur significatif par rapport au placebo. « Lorsqu’ils ont reçu l’oxyde nitreux (ndlr : protoxyde d’azote), de nombreux patients ont rapporté une amélioration rapide et significative », a déclaré Charles Conway, principal auteur de cette recherche, relayé par le site futura-sciences. « La plupart des patients qui ont eu une amélioration ont dit qu’ils se sont sentis mieux seulement 2 heures après le traitement », a-t-il ajouté.

L’étude, publiée dans la revue Biological Psychiatry, a également souligné la remarquable durée d’action que semblait avoir le « gaz hilarant » sur les symptômes dépressifs. En effet, même si la substance est éliminée en seulement quelques minutes par l’organisme, les scientifiques ont mis en évidence que les patients avaient ressenti les bénéfices pendant une durée comprise entre 24 heures et… une semaine !

Une efficacité qui pourrait avoir un prix…

La rapidité et l’efficacité d’action du protoxyde d’azote sur les symptômes dépressifs pourraient donc être d’une grande utilité pour les patients en état de « crise » et présentant un fort risque suicidaire. Pour autant, l’utilisation du « gaz hilarant » comme seul traitement de la dépression porte quant à elle davantage à caution. En effet, si les effets de la prise occasionnelle de cette substance sont relativement bénins (nausées, maux de tête…), des études antérieures ont révélé que sa consommation répétée pouvait entraîner des complications neurologiques et/ou hématologiques

Sources : futurasciences – LAtimes

– Illustration : jewiethewookie