Le déséquilibre radiatif responsable du réchauffement climatique a moins de 1 % de chance d’être d’origine naturelle

Crédits : NASA.

Selon une étude parue dans la revue Nature communications ce 28 juillet, le déséquilibre radiatif responsable du réchauffement global a moins de 1 % de chance d’être le simple résultat de facteurs naturels. Une estimation qui ne laisse plus guère place au doute quant au rôle dominant des activités humaines dans les évolutions climatiques récemment observées.

Le climat de notre planète évolue selon une règle simple. Si la Terre absorbe plus de rayonnement solaire qu’elle n’en réémet vers l’espace sous forme de rayonnement d’infrarouge, le système climatique se réchauffe. Inversement, si la Terre rayonne plus d’énergie vers l’espace qu’elle n’en absorbe du soleil, le système climatique se refroidit. Et ce, jusqu’à ce que les deux flux – entrant et sortant – deviennent à nouveau équilibrés.

En somme, le climat et ses changements ne sont rien de plus que la réponse à un problème de bilan radiatif (ou énergétique). Aussi, les scientifiques suivent activement ce dernier. Après plusieurs décennies d’enregistrements par les satellites et les mesures du contenu en chaleur de l’océan, il est devenu clair que le bilan était déséquilibré. En effet, l’énergie s’accumule à un rythme croissant dans le système climatique, en cohérence avec le réchauffement observé sur la même période. Il est évalué à 0,38 W/m² par décennie sur la période 2001-2020.

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Climat global stable à gauche : la quantité d’énergie entrante est égale à celle sortante. Climat actuel déséquilibre à droite : la quantité d’énergie entrante est supérieure à celle sortante. En effet, les gaz à effet de serre empêchent la planétaire de se refroidir facilement par émission de rayonnement infrarouge. L’essentiel de la chaleur accumulée flue vers le réservoir océanique (91 %). Crédits : IPCC/AR6, 2021.

Déséquilibre radiatif contemporain : le rôle moteur des émissions de gaz à  effet de serre d’origine humaine

Toutefois, se pose la question de l’origine du déséquilibre radiatif. Bien que l’on s’attende à ce que les émissions de gaz à effet de serre soient le principal responsable, car elles empêchent la Terre de se refroidir facilement par émission d’infrarouges, peut-on en trouver la confirmation dans les observations du monde réel ? Des chercheurs ont récemment étudié la question en incluant les années les plus récentes et répondent par l’affirmative.

« Jusqu’à présent, les scientifiques pensaient qu’en raison de la courte série d’observations, nous ne pouvions pas déduire si l’augmentation du déséquilibre était due à l’homme ou à la variabilité climatique », explique Shiv Priyam Raghuraman, auteur principal du papier. La mobilité naturelle du climat peut en effet conduire à absorber ou émettre plus d’énergie sur une période de temps allant jusqu’à quelques décennies, sans qu’aucune perturbation extérieure ne soit à l’œuvre.

« Notre étude montre que même avec les données d’observation disponibles, il est presque impossible d’avoir une augmentation aussi importante du déséquilibre simplement parce que la Terre fait ses propres oscillations et variations », ajoute le chercheur. Après avoir analysé un large ensemble de simulations climatiques, les scientifiques ont estimé que la probabilité d’obtenir un déséquilibre énergétique analogue à celui observé par les seules fluctuations naturelles était inférieure à 1 %.

Autrement dit, il n’y a guère plus de place au doute quant à la réalité et l’ampleur de l’influence humaine sur le climat global. « Savoir que l’activité humaine est responsable de l’accélération de l’absorption de chaleur planétaire implique la nécessité d’une action politique et sociétale significative pour réduire les émissions anthropiques de gaz à effet de serre afin de freiner l’augmentation du déséquilibre énergétique de la Terre », notent à ce titre les chercheurs.