Le dernier plateau de glace intact du Canada s’est brisé

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La plate-forme de glace de Milne. Crédits : Jérémie Bonneau / Université Carleton

La dernière plateforme de glace intacte de l’Arctique, dans le territoire du Nunavut (Canada), s’est fracturée il y a quelques jours. Deux icebergs géants se sont alors formés, dont un faisant quasiment la taille de Manhattan.

Contrairement aux glaciers, qui reposent sur la terre ferme, les plateformes glaciaires flottent dans l’océan. Bien que très anciennes et très épaisses, ces structures ne sont pas épargnées par le réchauffement climatique. En témoigne cette nouvelle fracture.

Le dernier plateau de glace intact du Canada

Le plateau de Milne, retrouvé à la lisière de l’île d’Ellesmere, dans le territoire peu peuplé du Nunavut, était encore il ya quelques jours le dernier à ne former qu’un seul bloc. Malheureusement, lui aussi vient de craquer (probablement le 31 juillet dernier), libérant 43% de sa superficie totale.

Résultat : deux icebergs géants se sont formés (avec beaucoup d’autres plus petits). Tous deux, épais de 70 à 80 mètres, ont déjà commencé à s’éloigner. À titre de comparaison, le plus grand fait quasiment la taille de Manhattan (55 kilomètres carrés).

« Des températures de l’air supérieures à la normale (5°C plus chaudes cet été que la moyenne enregistrée de 1980 à 2010), des vents du large et de l’eau libre devant la plateforme de glace ont mené à sa rupture« , explique le Service canadien des glaces sur Twitter.

« C’était la plus grande plateforme glaciaire encore intacte, et elle s’est désintégrée« , ajoute Luke Copland, glaciologue à l’université d’Ottawa.

De nombreuses données perdues

Selon Derek Mueller, également de l’Université d’Ottawa, cet effondrement était inévitable. Ce spécialiste des plateformes de glace de l’Arctique, qui va-et-vient sur l’île d’Ellesmere depuis 2004 pour y étudier la glace, a en effet été témoin de sa détérioration progressive.

Selon lui, le plateau avait conservé sa superficie jusqu’à la semaine dernière. Toutefois, il présentait de nombreuses fissures qui s’étaient aggravées au fil des ans.

Des instruments de recherche installés par son équipe l’été dernier ont également été perdus. Ainsi, toutes les informations enregistrées au cours de cette période, tant sur la glace elle-même que sur les organismes découverts dans ses poches d’eau, comme les éponges et les anémones de mer, sont désormais à la dérive dans l’océan Arctique.

Il y a quelques jours, des images satellites prises par la NASA ont également souligné l’absence de deux calottes glaciaires de la baie St Patrick, dans la même région du Nunavut, au Canada.

Il y a une soixantaine d’années, l’une s’étalait sur 7,48 km carrés, l’autre sur 2,93 km carrés. Ces deux structures ont depuis fait les frais du réchauffement climatique. En 2015, elles ne mesuraient plus que 5% de leur taille, pour finalement disparaître complètement au mois de juin dernier.

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