Le déclin (très alarmant) des insectes dans le monde

papillon
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Une récente étude tire la sonnette d’alarme, relatant le déclin spectaculaire de la population d’invertébrés à travers le monde. Si plusieurs travaux ont déjà signalé le problème en Europe, il semblerait que les insectes d’Amérique centrale soient également concernés.

En 2017 une étude estimait à 76% la diminution des insectes volants au cours de ces dernières décennies dans les réserves naturelles allemandes. Un nouveau rapport, publié dans les Actes de l’Académie nationale des sciences, suggère que les insectes sont également durement touchés dans les forêts de Porto Rico. «Cette étude dans PNAS est un véritable cri d’alarme – un appel de clairon. Le phénomène pourrait être beaucoup plus important et englober de nombreux autres écosystèmes, a notamment déclaré David Wagner, expert en conservation des invertébrés à l’Université du Connecticut (États-Unis). C’est l’un des articles les plus troublants que j’ai jamais lu».

Bradford Lister, biologiste à l’Institut polytechnique Rensselaer de New York, étudie les insectes de la forêt ombrophile de Porto Rico depuis les années 1970. Si l’endroit se présentait à l’époque comme un véritable sanctuaire pour insectes et oiseaux, il semblerait qu’une grande majorité de cette biodiversité ait aujourd’hui disparu. «C’était tout de suite évident quand nous sommes arrivés dans cette forêt, explique t-il. Moins d’oiseaux sont passés au-dessus de nos têtes. Les papillons, jadis abondants, avaient pratiquement disparu».

Ils ont disposé des plaques recouvertes de colle au sol et dans les arbres pour tenter de rendre compte de la biomasse locale. Il s’avère que le taux de capture a été divisé par 60, comparé aux relevés effectués en 1977. «Tout est en train de tomber, poursuit le chercheur. Les invertébrés les plus communs dans la forêt tropicale humide – les papillons de nuit, les papillons, les sauterelles, les araignées et autres – sont tous beaucoup moins abondants». Si les populations d’insectes et d’arthropodes ont considérablement chuté, le nombre de prédateurs s’en nourrissant également. Il y aurait en effet beaucoup moins d’oiseaux, d’amphibiens et de reptiles. Certaines espèces auraient même quasiment disparu.

Si en Europe les insecticides sont visiblement à blâmer, les chercheurs accusent ici le réchauffement climatique. En 40 ans, les températures moyennes auraient évolué de 2,2 degrés Celsius, peut-on lire. L’organisme des insectes tropicaux, détraqué, ne peut alors plus suivre. Les proies disparaissent alors, entraînant avec elles la disparition des prédateurs.

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