Le déclin (très) alarmant des gros animaux d’eau douce

Un esturgeon d'Europe. Crédits : Pixabay

Une récente étude suggère qu’en l’espace de 40 ans, les plus grosses espèces animales évoluant en eau douce ont vu leurs effectifs chuter de près de 90 %. Des mesures urgentes de conservation doivent être mises en place.

Les rivières et les lacs recouvrent moins de 1 % de la surface de la Terre, mais abritent un tiers des espèces de vertébrés dans le monde. Et comme sur Terre, les plus grosses espèces sont en danger. En témoigne ce nouveau rapport, suggérant qu’entre 1970 et 2012, les populations de mégafaune (+ de 30 kg) d’eau douce ont diminué de 88 % dans le monde. Au total, 126 espèces seraient concernées. Dont de nombreux reptiles, comme les crocodiles et les tortues, les castors, les dauphins d’eau douce ou encore les esturgeons. Les détails de l’étude sont publiés dans la revue Global Change Biology.

« Les résultats sont alarmants », déclare Sonja Jähnig, de l’Institute of freshwater ecology inland fisheries, en Allemagne, et principale auteure de l’étude. Notamment dans les régions d’Indomalais et du Paléarctique, peut-on lire. Autrement dit, en Europe, en Afrique du Nord et dans la plupart des pays d’Asie. Les espèces les plus durement touchées seraient les esturgeons, les salmonidés (saumons, truites, ombres, entre autres) et les poissons-chats géants, dont les effectifs auraient chuté de 94 % en 40 ans.

Deux principales menaces

Comme sur les terres, deux menaces principales sont à l’origine de ce déclin. La surexploitation de ces espèces, d’une part, appréciées pour leur viande, leur peau ou leurs œufs. Un braconnage intensif qui empêche donc les effectifs de se renouveler. Et la perte de l’habitat. Les rivières, notamment, ne s’écoulent en effet plus aussi librement qu’avant à cause des installations humaines comme les barrages. Les accès aux espaces de frais et d’alimentation se retrouvent alors bloqués, empêchant les espèces d’évoluer normalement.

Crédits : Pixabay

Conservation : du bon et du moins bon

Les chercheurs soulèvent en effet que certains efforts déployés commencent à payer. Les effectifs d’esturgeons verts (Acipenser medirostris) ou de castors d’Amérique (Castor canadensis) par exemple, sont restés stables aux États-Unis. En Asie également, où les effectifs du dauphin du fleuve Irrawaddy (Orcaella brevirostris) dans le bassin du Mékong sont désormais à la hausse. Mais il reste encore beaucoup à faire.

« Selon la liste rouge des espèces menacées, plus de la moitié des espèces d’eau douce évaluées sont considérées comme en danger d’extinction. Or, elles font l’objet de moins de recherche et d’attention en matière de conservation que les mégafaunes dans les écosystèmes terrestres ou marins, explique en effet la chercheuse. Le déclin mondial maintenant quantifié de la mégafaune d’eau douce souligne le besoin urgent de mettre en place des actions de conservation ».

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