Connaissez-vous l’étonnante particularité du crapaud du désert de Sonora, ce batracien atypique que la loi interdit de lécher aux États-Unis ?
Le crapaud du désert de Sonora, Incilius alvarius* dans le jargon scientifique, a la particularité de sécréter une toxine hallucinogène, entre autres caractéristiques. Retour sur cet amphibien insolite des zones arides du Colorado.
*Parfois surnommé « crapaud Bufo » en raison de son ancien nom taxonomique Bufo alvarius.
Le crapaud du Colorado, un batracien semi-aquatique
Malgré son appellation, le crapaud du désert de Sonora est un amphibien semi-aquatique qui a besoin d’un minimum d’eau pour survivre en milieu aride. Bien qu’il puisse vivre dans le désert, le batracien s’observe majoritairement dans les zones semi-arides, à proximité de ruisseaux, canaux, fossés de drainage et autres sources d’eau.
Pour supporter la chaleur écrasante de son habitat naturel, le crapaud du Colorado s’installe généralement dans des terriers abandonnés, et patiente jusqu’à la tombée du jour pour s’activer, et notamment pour chasser (des insectes, rongeurs et reptiles de petite taille, voire même d’autres espèces de crapauds).
Un amphibien psychotrope menacé par son étonnante spécificité
La peau du crapaud Incilius alvarius sécrète un venin dérivé de la sérotonine, la bufoténine (5-HO-DMT), alcaloïde indolique classé comme psychotrope hallucinogène depuis 1968. Du fait de cette particularité, le batracien exotique était souvent chassé pour sa peau hallucinogène (ensuite fumée ou ingérée), voire même léché.
Aux États-Unis, pays regroupant la plus importante population de crapauds du Colorado, des campagnes ont dû être engagées afin de préserver l’espèce dont la peau se vendait séchée à des fins psychédéliques. Le venin du batracien aurait aussi été utilisé par certaines populations autochtones pratiquant la médecine alternative dans le cadre de rituels traditionnels et de cérémonies chamaniques.
Selon les consommateurs, les effets du venin sur le corps humain pourraient provoquer une euphorie, des hallucinations visuelles et auditives, ainsi qu’une expérience de transcendance associée à une certaine connexion spirituelle. Ces effets psychotropes pourraient durer jusqu’à 30 minutes. Revers de médaille : les cas d’intoxication au venin du batracien sont nombreux, les plus sévères pouvant provoquer la mort.
Statut de protection de l’espèce
Le crapaud du désert de Sonora est protégé par la loi américaine de 1973, l’Endangered Species Act (ESA), où il est inscrit comme espèce menacée, principalement en raison de la perte de son habitat, de la pollution environnementale et autres menaces qui ont conduit à de drastiques réductions au sein de sa population.
Le crapaud du désert de Sonora incarne une étonnante fusion entre les mystères de la nature et les conséquences de l’interaction humaine. Sa capacité à produire une toxine hallucinogène, tout en étant une espèce menacée, témoigne de la complexité de sa survie dans un monde où fascination et exploitation se côtoient. En dépit des risques liés à sa capture et à l’utilisation de son venin, il reste un symbole fragile des écosystèmes arides qu’il habite, nous rappelant l’importance cruciale de préserver la biodiversité dans ces environnements uniques.