En 1991, deux alpinistes sont tombés sur un corps humain dans les Alpes italiennes. La préservation exceptionnelle de cette momie vieille de 5 300 ans, connue sous le nom d’Ötzi, a permis aux chercheurs d’en apprendre énormément sur la vie de cette personne évoluant à l’âge de pierre. Une récente analyse suggère néanmoins que l’histoire de la mort d’Ötzi, et surtout de sa momification ultérieure, pourrait être différente de ce que nous pensions jusqu’alors.
L’homme des glaces
Ötzi est une momie masculine découverte ensevelie sous une couche de glace le 19 septembre 1991 à un peu plus de 3 200 mètres d’altitude dans le Val Senales, en Italie. Son existence fut révélée par la fonte importante du glacier à cette époque.
D’après ce que nous savons, l’homme serait mort après avoir été transpercé d’une flèche décochée dans son dos à une trentaine de mètres de distance. L’analyse de son côlon, de son estomac et des isotopes de ses cheveux a également permis de déterminer son dernier repas. Au menu : bouquetin, cerf rouge, céréales et fougère toxique.
Ce n’est pas tout. Les rapports isotopiques de sa hache d’Ötzi, dont la peau était recouverte d’une soixantaine de tatouages, ont retracé ses origines dans le sud de la Toscane. Quelques jours avant son meurtre, l’homme avait également affûté ses outils, probablement avec sa main droite. Enfin, une tomodensitométrie (TDM) de son corps a laissé entendre qu’Ötzi avait trois calcifications dans sa région cardiaque. Autrement dit, s’il n’avait pas été assassiné, l’homme des glaces aurait probablement succombé à une crise cardiaque.


Une momie exposée aux éléments
L’histoire commune retenue suggère que, après avoir été mortellement blessé par son agresseur, le corps d’Ötzi se figea rapidement pour ne plus bouger jusqu’à sa découverte au début des années 90. Toutefois, une équipe d’archéologues postule à présent que son corps a été exposé à plusieurs reprises aux éléments au cours des 1 500 années qui ont suivi sa mort.
Ötzi se trouvait dans un ravin. On pensait auparavant que ce lieu avait permis la conservation « miraculeuse » de la momie malgré le mouvement de la glace au-dessus. Cependant, cette histoire paraissait en contradiction avec le fonctionnement des sites archéologiques glaciaires. Concrètement, l’équipe soutient l’idée qu’Ötzi est en réalité mort ailleurs. Son corps aurait ainsi été déplacé au fur et mesure dans le ravin à mesure de changements environnementaux tout à fait ordinaires.
« C’est une bonne chose« , souligne Lars Pilø, principal auteur de l’étude, « car cela augmente la probabilité de trouver une autre momie de glace ailleurs, alors qu’aucune circonstance exceptionnelle n’est nécessaire« .
L’équipe, qui publie ses conclusions dans The Holocene, pense également que les « outils » de la momie (un cadre de sac à dos, un bonnet, un carquois et une hache) ont été endommagés par les éléments plutôt que par son ancien agresseur.