Le contenu en chaleur de l’ocĂ©an a battu tous les records en 2020

Crédits : Pixnio.

Selon une étude majeure parue ce 13 janvier, jamais l’océan global n’avait connu une température aussi élevée qu’en 2020. Un record qui témoigne d’une tendance lourde aux nombreuses implications pour la biodiversité et les sociétés humaines. Les résultats ont été publiés dans la revue Advances in Atmospheric Sciences.

Un des indicateurs les plus pertinents pour le suivi du réchauffement climatique est la quantité de chaleur absorbée par l’océan. En effet, comme expliqué dans un précédent article, 90 % de l’énergie additionnelle piégée par les gaz à effet de serre (GES) que nous rejetons se stocke dans la sphère océanique. Une réalité que l’on doit au fait que notre planète est majoritairement recouverte d’eau liquide. Par sa masse et sa capacité calorifique 4000 fois supérieure à celle de l’air, l’océan agit ainsi comme un gigantesque thermostat. Sans lui, toute variation climatique serait bien plus rapide et brutale.

Le rĂ©chauffement de l’ocĂ©an …

Selon les travaux de 20 chercheurs issus d’une dizaine d’universités à travers le monde, l’océan global a enregistré une température record en 2020. Plus précisément, jamais la couche d’eau s’étendant depuis la surface jusqu’à 2000 mètres de profondeur n’avait été aussi chaude. Et ce, depuis la mise en place de mesures précises en 1955. Toutefois, sur le plan qualitatif, on peut réalistement considérer qu’un tel niveau n’a pas été atteint depuis plusieurs siècles au moins.

RĂ©partition spatiale de l’anomalie de chaleur ocĂ©anique en 2020. La rĂ©fĂ©rence Ă©tant prise sur la pĂ©riode 1981-2010. Les excĂ©dents sont en rouge, les dĂ©ficits en bleu. CrĂ©dits : Lijing Cheng & al. 2021.

Si l’Ă©lĂ©vation rapide et continue du contenu en chaleur de l’ocĂ©an tempère l’ampleur des changements comme Ă©voquĂ© plus haut, elle engage Ă©galement le futur. « En raison de la rĂ©ponse diffĂ©rĂ©e de l’ocĂ©an au rĂ©chauffement climatique, les tendances persisteront au moins pendant plusieurs dĂ©cennies » souligne Lijing Cheng, auteur principal de l’étude. « Les sociĂ©tĂ©s doivent donc s’adapter aux consĂ©quences dĂ©sormais inĂ©vitables de notre rĂ©chauffement. Mais il est encore temps d’agir et de rĂ©duire nos Ă©missions de gaz Ă  effet de serre ».

… une quantité d’énergie colossale mise en jeu

Le papier publiĂ© ce 13 janvier fait Ă©tat d’une augmentation de 20 zettajoules – 10 puissance 21 joules – en 2020 par rapport Ă  2019. Une Ă©nergie suffisante pour faire bouillir 1,3 milliard de casseroles contenant chacune 1,5 litre d’eau. AnnĂ©e après annĂ©e, ce sont ainsi des quantitĂ©s astronomiques d’énergie, difficiles Ă  se reprĂ©senter, que l’ocĂ©an engrange. La courbe ci-dessous illustre cette tendance, tĂ©moin d’un processus de stockage de chaleur continuĂ© – reflet de l’augmentation des concentrations en GES.

océan
Anomalie du contenu en chaleur ocĂ©anique entre 1955 et 2020 (en zettajoules). La rĂ©fĂ©rence Ă©tant prise sur la pĂ©riode 1981-2010. Les barres rouges et bleues indiquent les valeurs par annĂ©e. Notez comment la quantitĂ© d’Ă©nergie stockĂ©e grimpe au fil du temps. CrĂ©dits : Lijing Cheng & al. 2021.

Enfin, les chercheurs ont Ă©galement rapportĂ©s d’autres Ă©volutions. En particulier, l’accentuation des contrastes de salinitĂ© et de stratification des eaux. « L’eau douce devient plus douce, l’eau salĂ©e devient plus salĂ©e » note Lijing Cheng. Autant de changements additionnels aux impacts multiples sur la biodiversitĂ© et les sociĂ©tĂ©s humaines. « Des ocĂ©ans plus chauds et une atmosphère plus chaude favorisent des prĂ©cipitations plus intenses dans toutes les tempĂŞtes, et en particulier les ouragans, augmentant le risque d’inondations » rappelle l’auteur principal. « Toute activitĂ© ou tout accord visant Ă  lutter contre le rĂ©chauffement climatique doit ĂŞtre associĂ© Ă  la comprĂ©hension que l’ocĂ©an a dĂ©jĂ  absorbĂ© une immense quantitĂ© de chaleur et continuera Ă  le faire jusqu’Ă  ce que les niveaux de CO2 atmosphĂ©rique soient considĂ©rablement abaissĂ©s ».

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