À la veille et lors de l’ouverture de la COP25, António Guterres – le secrétaire général de l’ONU – n’y est pas allé par quatre chemins. En effet, il a fermement dénoncé l’insuffisance des actions opérées jusqu’à présent pour limiter le réchauffement climatique. Et ce malgré les engagements pris à Paris en 2015 lors de la COP21. Durant son discours d’ouverture ce lundi, il a notamment demandé aux états de « ne pas trahir la famille humaine ».
Du 2 au 13 décembre se déroule la COP25. Il s’agit de la 25e conférence des Nations unies sur le changement climatique. Si elle devait initialement avoir lieu à Santiago au Chili, elle a finalement été tenue dans la capitale espagnole. En effet, en raison des violents troubles sociaux qui touchent son pays, le président chilien a dû renoncer à accueillir l’événement.
Défi climatique : choisir entre capitulation et espoir
« La dernière fois qu’il y avait une concentration comparable de CO2, la température était 2 à 3 degrés plus chaude et le niveau de la mer était de 10 à 20 mètres plus élevé qu’aujourd’hui » rappelait António Guterres lors de l’ouverture de la COP25 ce lundi. Aussi, le secrétaire général de l’ONU a invité les quelques 200 pays représentés à choisir entre la capitulation et l’espoir. Et à « ne pas trahir la famille humaine dans son ensemble ainsi que toutes les générations à venir ».
« D’ici la fin de la prochaine décennie, nous serons sur l’un de ces deux chemins. L’un est le chemin de la capitulation, où nous aurons dépassé comme des somnambules le point de non-retour, mettant en danger la santé et la sécurité de tous les habitants de cette planète » a-t-il énoncé.

« L’autre option est le chemin de l’espoir. Un chemin de résolution et de solutions durables. Un chemin dans lequel les énergies fossiles restent là où elles devraient être, dans le sol, et où nous parvenons à la neutralité carbone d’ici 2050 » poursuivit-il. « Voulons-nous vraiment que l’on se souvienne de nous comme de la génération qui a fait l’autruche, flânant pendant que la planète brûlait ? ».
Un ton qui peut paraître accusateur, voire condescendant. Mais il va sans dire qu’il s’agit là d’un moyen de sensibiliser les délégations des 197 pays rassemblées à Madrid pour une dizaine de jours. D’autres discours analogues ont d’ailleurs suivi. On mentionnera entre autres celui du président autrichien Alexander van der Bellen, du président du Costa Rica Carlos Alvarado ou encore du président espagnol Pedro Sanchez.
Un manque évident de volonté politique
Déjà la veille, António Guterres dénonçait le manque de volonté politique à faire bouger les choses. Il jugeait les efforts accomplis jusqu’à présent tout à fait insuffisants et rappelait le danger grandissant de voir le changement climatique atteindre un point de non-retour. « [Ce dernier] n’est plus au-delà de l’horizon, il est en vue et se précipite vers nous. (…) Nous devons mettre fin à notre guerre contre la nature ».

Au terme de la COP21 qui s’est tenue à Paris en 2015, les états se sont accordés sur l’objectif de maintenir le réchauffement sous les 2 °C par rapport au niveau préindustriel. Et, si possible, de ne pas dépasser 1,5 °C. Il s’agissait « d’une promesse solennelle faite aux populations du monde entier » a rappelé António Guterres.
Or, les observations montrent que la température s’est déjà élevée de 1 °C. De fait, la marge de manœuvre diminue rapidement. Mais selon lui, nous avons encore les moyens de tenir nos engagements. « Ce qui manque toujours, c’est la volonté politique. La volonté de mettre un prix sur le carbone. La volonté d’arrêter les subventions sur les combustibles fossiles. Celle de stopper la construction de centrales à charbon à partir de 2020 ou encore de taxer la pollution plutôt que les personnes ».
Si de nombreux pays ont affermi leurs engagements à réduire les émissions de gaz à effet de serre, le secrétaire général de l’ONU déplore le fait « que les plus grands émetteurs du monde ne font pas leur part. Et sans eux, notre objectif est inaccessible ». On pense notamment aux États-Unis, au Japon ou à la Chine. Cette conférence tenue à Madrid sera donc l’opportunité de faire un pas plus éclairé dans la bonne direction. Mais le temps presse et les belles paroles devront rapidement être suivies d’actions concrètes à grande échelle.
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