Le cannibalisme était une pratique « rentable » pour Homo antecessor

cannibalisme
Crédits : J.Rodríguez

Il y a entre un million et 800 000 ans, l’anthropophagie était une stratégie « rentable » pour Homo antecessor, révèle une étude. La chair humaine semblait en effet consommée dans une proportion beaucoup plus élevée que prévu en raison de son abondance par rapport à d’autres animaux.

Homo antecessor est une espèce humaine archaïque qui évoluait en Europe occidentale il y a entre 1,2 million et 800 000 ans. Des fouilles antérieures ont déjà suggéré que cet ancêtre n’hésitait pas à s’attaquer à d’autres hominidés pour se nourrir. Mais pourquoi, exactement ? Des recherches, menées par l’archéologue James Cole, ont notamment révélé que le cannibalisme n’était pas nécessairement motivé par les besoins nutritionnels. La viande humaine n’est en effet pas la plus calorique. Ces résultats nous avaient alors menés à penser que le cannibalisme préhistorique était motivé par des raisons sociales et culturelles. Vraiment ? Une étude publiée dans le Journal of Human Evolution nous invite à réviser cette pensée.

Rapport coûts/avantages

Les chercheurs ont ici analysé le principe de cannibalisme dans le cadre d’une recherche optimale de nourriture (coûts/avantages). Ils expliquent avoir dans cette étude pris en compte le choix et l’abondance des proies disponibles à l’époque (humains y compris), et l’effort nécessaire pour obtenir et transformer ces proies (le coût). Les données ont suggéré que les humains archaïques étaient « sur-représentés » en Europe occidentale. En d’autres termes, ils étaient probablement plus fréquemment présents.

Et, même si leur valeur nutritionnelle n’était pas aussi élevée que celle d’autres animaux évoluant à l’époque, les fortes chances d’en rencontrer faisaient de ces hominidés des proies plus « faciles ». Alors pourquoi s’en priver ? Pour rappel, la valeur calorique globale d’un humain est évaluée à environ 32 000 calories. Elle est en revanche d’environ 3 millions pour un mammouth, de 1,2 million pour un rhinocéros laineux, ou encore de 200 000 pour un cheval.

Homo antecessor
Une reconstitution d’Homo antecessor. Crédits : Wikipédia Commons

« Nos analyses montrent qu’Homo antecessor, comme tout prédateur, choisissait sa proie selon le principe d’optimisation de l’équilibre coûts-avantages. Ne tenant compte que de cet équilibre, les humains étaient un type de proie de haut rang, explique Jesús Rodríguez, du Centre national d’investigation sur l’évolution de l’humanité (CENIEH). Pour Homo antecessor, il était plus facile de rencontrer un humain qu’un autre animal. Ces ancêtres pouvaient donc obtenir une grande quantité de nourriture à faible coût ».

Pour expliquer le fait que les humains semblaient être consommés dans une proportion beaucoup plus grande que celle attendue par rapport à d’autres animaux, les chercheurs suggèrent qu’un grand nombre de cadavres cannibalisés étaient probablement ceux de membres du groupe décédés de causes différentes.

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