Le Canada autorise l’utilisation de la psilocybine, la substance psychotrope des champignons hallucinogènes

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Les autorités sanitaires canadiennes ont récemment approuvé l’utilisation de la psilocybine chez quatre patients en soins palliatifs. Il s’agit de la première fois que des personnes pourront consommer cette substance psychotrope légalement dans le pays depuis son interdiction il y a plus de quarante-cinq ans.

La psilocybine enfin reconnue

Les champignons hallucinogènes (ou « magiques ») sont interdits à la vente et la consommation dans la plupart des pays du monde. Or, le Canada ne fait pas exception, sauf dans le cadre d’autorisations spéciales à des fins cliniques ou de recherche. Bien que principalement connus pour leur usage récréatif, les champignons hallucinogènes pourraient aussi servir dans le domaine de la santé.

TheraPsil est une association canadienne à but non lucratif. Elle préconise un accès légal à la thérapie à la psilocybine, la substance psychoactive des champignons hallucinogènes. Comme elle l’explique dans un communiqué publié le 4 août 2020, cette association a soutenu les demandes de quatre patients atteints d’un cancer incurable aujourd’hui en soins palliatifs.

Or, après une centaine de jours d’attente, la ministre de la Santé Patty Hajdu a donné son accord. Les quatre patients recevront donc un traitement à la psilocybine afin de soulager leur détresse. C’est la première exception à la loi canadienne depuis que cette substance est devenue illégale dans le pays en 1974.

champignon hallucinogène
Des champignons de l’espèce Psilocybe semilanceata
Crédits : Patrick Ullrich / Wikipedia

Un pas en avant salué

« Je tiens à remercier la ministre de la Santé et Santé Canada d’avoir approuvé ma demande d’utilisation de psilocybine. La reconnaissance de la douleur et de l’anxiété dont je souffre compte beaucoup pour moi, et je me sens très émue aujourd’hui en conséquence. J’espère que ce n’est que le début et que bientôt tous les Canadiens pourront avoir accès à la psilocybine à des fins thérapeutiques pour soulager la douleur qu’ils éprouvent sans avoir à pétitionner le gouvernement pendant des mois pour obtenir la permission » a déclaré Laurie Brooks, une patiente vivant en Colombie-Britannique et faisant partie des élus.

Ces premiers patients et l’association TheraPsil remercient donc les autorités sanitaires pour ce pas en avant. Or, ceci pourrait ouvrir la porte à une démocratisation du traitement de la détresse des patients en fin de vie. Rappelons qu’en 2011, des chercheurs de l’Université de Californie à Los Angeles avaient mené une première étude pilote. Elle portait sur l’utilisation de la psilocybine en soins palliatifs. Ces recherches impliquant douze patients ont prouvé que la psilocybine pouvait remplacer les traitements conventionnels destinés à réduire la détresse et le désespoir des cancéreux en phase terminale. Cependant, cette étude publiée dans la revue Arch Gen Psychiatry en préconisait une utilisation prudente et contrôlée.