Si parler deux langues ou plus confère généralement de nombreux avantages à plusieurs niveaux, il se pourrait également que cela offre des bienfaits sur le plan de la santé. Une étude récente vient en effet renforcer une hypothèse déjà formulée il y a une vingtaine d’années : le bilinguisme serait bénéfique pour la mémoire et retarderait le déclin cognitif, de même que l’apparition des premiers signes de démence.
Une hypothèse consolidée
Le déclin cognitif ainsi que les maladies liées représentent un sujet de recherche majeur. Certaines études récentes se sont par exemple intéressées au déclin plus prononcé chez les baby-boomers par rapport aux générations précédentes ou encore à l’important déclin chez certains malades du Covid-19. Le Centre des maladies neurodégénératives à Bonn (Allemagne) a quant à lui tout récemment évoqué l’hypothèse que le bilinguisme serait bénéfique pour la mémoire et qu’il pourrait retarder le déclin cognitif.
L’étude en question parue dans la revue Neurobiology of Aging en avril 2023 a intégré 750 patients âgés de 59 à 76 ans. Les neuroscientifiques affirment que les personnes ayant déclaré utiliser deux langues au quotidien depuis leur plus jeune âge ont obtenu de meilleurs résultats aux tests d’apprentissage et de mémoire que celles ne pratiquant qu’une seule langue.
Il faut savoir que certains travaux pré-existants soutenaient déjà l’hypothèse que le bilinguisme aurait des effets positifs contre le déclin cognitif. Ainsi, l’étude allemande vient renforcer cette idée qui a fait son apparition il y a déjà deux décennies.
Comment expliquer ce phénomène ?
S’il est désormais quasiment certain que le bilinguisme est bénéfique pour la mémoire, il reste encore à expliquer clairement cet étonnant phénomène. Pour les chercheurs, les personnes bilingues naviguant avec aisance d’une langue à l’autre pourraient être capables d’appliquer des stratégies du même type dans d’autres domaines. Par exemple, ces mêmes personnes pourraient avoir des facilités en matière de gestion des émotions ou encore dans l’accomplissement de plusieurs tâches en simultané.
Or, selon les scientifiques, ces aptitudes devraient permettre de retarder le déclin cognitif et donc les premiers signes de démence. Rappelons au passage que la maladie d’Alzheimer est la forme la plus commune de démence, touchant un million de personnes en France en 2020, soit 8 % des plus de 65 ans.
Enfin, les responsables de l’étude allemande pourraient dans un avenir proche obtenir d’autres résultats assez intéressants. Il s’agira par exemple de déterminer si l’âge auquel une personne a appris chacune de ses langues a une incidence sur sa santé cognitive à un stade ultérieur de sa vie.