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L’aveu brutal de l’ONU sur le climat : 1,5°C sera dépassé, voici la stratégie de secours

Dix ans après l’accord de Paris, l’ONU vient de publier un rapport qui devrait faire trembler les gouvernements. Derrière les formules diplomatiques se cache une réalité brutale : les efforts actuels ne représentent qu’un sixième de ce qui serait nécessaire pour éviter le chaos climatique. Pire encore, les plus gros pollueurs de la planète n’ont même pas rendu leur copie.

Un écart vertigineux entre promesses et nécessité

Les chiffres du dernier rapport de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques donnent le vertige. Les contributions nationales actuelles prévoient une réduction des émissions de gaz à effet de serre de seulement 10% d’ici 2035. Le problème ? Les scientifiques du GIEC ont calculé qu’il faudrait une baisse de 60% sur la même période pour maintenir le réchauffement sous la barre des 1,5°C par rapport à l’ère préindustrielle.

L’écart est tel qu’il ne s’agit plus d’un simple retard, mais d’un gouffre entre la trajectoire actuelle et celle qui permettrait de respecter l’accord de Paris signé en 2015. Simon Stiell, secrétaire exécutif de l’ONU Climat, le reconnaît avec une franchise inhabituelle : l’accord de Paris fonctionne, mais « beaucoup trop lentement ».

Les grands absents du rendez-vous climatique

Ce qui rend ce bilan encore plus inquiétant, c’est son caractère incomplet. Seuls 64 pays ont respecté la date limite de septembre pour soumettre leurs plans climatiques actualisés avant la COP30 de novembre à Bélem. Ces nations ne représentent qu’environ 30% des émissions mondiales de gaz à effet de serre.

Les grands émetteurs brillent par leur absence. La Chine, premier pollueur mondial, l’Union européenne et l’Inde n’ont toujours pas formalisé leurs nouveaux engagements. Les tensions géopolitiques et les difficultés économiques expliquent en partie ces retards, mais le résultat reste le même : impossible pour l’ONU d’actualiser la trajectoire de réchauffement planétaire, estimée l’année dernière entre 2,1 et 2,8°C d’ici la fin du siècle.

Une première lueur dans l’obscurité

Au milieu de ce tableau sombre émerge pourtant une donnée historique. Pour la première fois depuis 1990, les émissions mondiales devraient amorcer une baisse constante plutôt que de continuer leur ascension inexorable. L’humanité commence enfin à « infléchir la courbe », même si cette inflexion reste dramatiquement insuffisante.

Cette tendance s’appuie sur des projections incluant non seulement les plans officiels, mais aussi les annonces informelles de certains pays. Un calcul fragile, notamment depuis que Donald Trump a invalidé les engagements pris par Joe Biden pour les États-Unis, mais qui dessine malgré tout un changement de direction.

ONU climat gaz à effet de serre
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L’adieu à 1,5°C

La question n’est plus de savoir si nous dépasserons le seuil de 1,5°C de réchauffement, mais quand. António Guterres, secrétaire général de l’ONU, l’a admis sans détour : avec un climat déjà 1,4°C plus chaud qu’à l’époque préindustrielle, ce seuil sera très probablement franchi avant la fin de la décennie.

La stratégie a changé. Il ne s’agit plus d’éviter ce dépassement, mais de le rendre temporaire. L’idée ? Absorber ultérieurement des quantités massives de CO2 grâce aux forêts ou à des technologies de captage encore balbutiantes. Une solution que les scientifiques jugent risquée : même un dépassement temporaire pourrait entraîner des conséquences irréversibles sur les écosystèmes et le climat.

Verdict à la COP30

Ces conclusions alimenteront les débats de la COP30 qui s’ouvre en novembre. Les pays les plus vulnérables au changement climatique exigent que la question de la sortie des énergies fossiles soit au cœur des discussions. Le rapport de l’ONU leur donne des arguments massifs : sans accélération drastique dès maintenant, les objectifs de Paris ne seront plus qu’un souvenir dans les livres d’histoire.

Brice Louvet

Rédigé par Brice Louvet

Brice est un journaliste passionné de sciences. Ses domaines favoris : l'espace et la paléontologie. Il collabore avec Sciencepost depuis près d'une décennie, partageant avec vous les nouvelles découvertes et les dossiers les plus intéressants.