Pour l’astronaute Chris Hadfield, nous devrions déjà vivre sur la Lune avant de penser à Mars

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Pourquoi mettre la charrue avant les boeufs, c’est un peu l’idée avancée ici par l’astronaute canadien Chris Hadfield concernant l’exploration martienne. Pour l’ancien colonel et pilote de chasse de l’Aviation royale canadienne, nous devrions déjà penser à la Lune avant de faire l’erreur de nous projeter loin, trop vite.

Chris Hadfield est une pointure de l’aérospatiale, et peut se targuer d’être le premier Canadien à avoir effectué une sortie dans l’espace et à avoir commandé la station spatiale internationale. Ancien colonel et pilote de chasse, il a notamment participé aux vols de deux navettes spatiales de la NASA, en 1995 et 2001. Le 19 décembre 2012, il s’envole pour une mission prolongée dans l’espace et devient alors commandant de l’ISS jusqu’à son retour sur Terre, le 13 mai 2013. Durant la mission, il fut notamment très actif sur les réseaux sociaux. C’est pourquoi il est aujourd’hui si populaire. Récemment interrogé par New Scientist, l’homme s’est notamment penché sur la question martienne. Pour lui, c’est avant tout à la Lune que nous devrions penser.

« Pendant des dizaines de milliers d’années les humains ont suivi le même schéma, ici sur Terre: Imagination, exploration, établissement. C’est ainsi que les premiers humains sont arrivés en Australie il y a 50 000 ou 60 000 ans, et c’est ainsi que nous sommes passés de Yuri Gagarin aux premiers premiers astronautes à poser le pied sur la Lune, explique-t-il. Il y a six personnes qui vivent dans la Station spatiale internationale, et nous avons continuellement des gens à bord depuis près de 17 ans. Mais la réalité est que nous n’avons pas encore compris comment vivre en permanence hors de notre planète. Je pense donc, poursuit-il, que si nous suivons ce même modèle, alors la lune devrait être la première. Non seulement pour réaffirmer que nous pouvons y arriver, mais également pour montrer que nous pouvons y vivre aussi« .

L’astronaute s’est également penché sur les récentes déclarations du vice-Président américain Mike Pence, qui déclarait il y a quelques jours que les Etats-Unis mettraient bientôt un pied sur Mars. Pour Chris Hadfield, « il est facile pour le vice-président des États-Unis de le dire, mais ça ne se fera pas pendant son mandat. L’astronaute suggère que nous devrions vivre sur la lune pendant au moins une génération avant de penser à Mars. « Nous n’avons pas encore la technologie. C’est comme si vous et moi étions à Paris train de se balader en canoë sur la Seine, dit-il. Et que d’un coup, nous décidions de nous rendre en Australie ! Nous pourrions à peine traverser la Manche. C’est un peu la même chose pour l’exploration spatiale aujourd’hui. Un voyage sur Mars est concevable, mais c’est encore beaucoup plus éloigné que ce que la plupart des gens pensent« .

Pour l’astronaute, il reste en effet encore beaucoup d’inconnues inhérentes à un tel voyage. « Nous connaissons certaines des menaces, dit-il. Le manque de fiabilité de l’équipement, ou comment fournir suffisamment de nourriture pour tout le monde ? Quels sont les impacts des rayons cosmiques sur le corps humain ? Ou quel type de vaisseau spatial devrions-nous construire ? Comment pourrions-nous réagir en ne voyant rien à la fenêtre pendant des mois et mois ? » Il faudra donc du temps avant de partir tête baissée sur la planète rouge. La meilleure solution serait-elle, comme le suggère Chris Hadfield, d’établir une colonie lunaire avant de passer à Mars ? Probablement. D’ailleurs la NASA y pense déjà.

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